3.2 La productivité des facteurs.

L’analyse de la productivité totale des facteurs (PTF) est appréhendée à travers l’estimation de la fonction de production15. Les résultats obtenus pour les différentes périodes correspondant aux plans de développement successifs, ont montré une forte régression de la PTF :

Tableau n°9 : Evolution de la PTF en % entre 1965 et 1980

Source : FMI Algéria country Report 03/69, Mars 2003

En effet, à partir de 1970 la PTF est devenue négative avec une accentuation pour la période allant de 1975 à 1980. Le déclin de la croissance trouve principalement son explication dans la détérioration de la productivité totale et non dans l’insuffisance en matière d’allocation des ressources (travail, capital et capital humain). Dans ce cadre on constate que c’est durant cette période que les taux d’investissement les plus élevés ont été réalisés et le rythme de création d’emploi a été le plus rapide.

L’absence de données relatives à la décomposition de la PTF par secteur nous amène à recourir à l’analyse de la productivité apparente du travail définie comme le rapport de la valeur ajoutée sur l’emploi dont l’évolution a été la suivante entre 1967 et 1978 :

Tableau n°10 : Evolution de la productivité moyenne du travail (Unité : dinars constants de 1978)

Source : S.P Thierry - « La crise du modèle productif algérien », 1982, P. 181.

Ainsi, durant toute cette période la production par travailleur ne s’est accrue que de 32% en moyenne. Elle a fortement chuté dans les secteurs des hydrocarbures et du BTP, et dans une moindre mesure dans l’industrie. Elle a légèrement augmenté dans le secteur de l’agriculture et le secteur du commerce et services.

Ces faibles rendements traduisent, si besoin est, une évolution plus rapide du rythme de création d’emplois par rapport au rythme de création de la valeur ajoutée. En effet, la création massive d’emplois réduite à la seule équation investissements publics - créations d’emplois avait pour finalité la simple mise au travail de toute la population active et l’occasion d’une distribution de revenus plutôt qu’un moyen de rémunérer les facteurs de production.

D’un autre coté, l’estimation de la productivité du capital ou efficacité du capital que traduit le ratio valeur ajoutée/volume de capital a montré que la construction de l’appareil productif a coûté très cher à l’Etat. Ainsi, l’efficacité moyenne du capital a amorcé une baisse à partir de 1974. Les secteurs principalement touchés par cette régression sont ceux de l’industrie, le produit industriel représentant 41% du stock de capital fixe en 1966 et seulement 21 % en 1977 selon S.Thierry qui cite C. Palloix (1982, p.169). Au sein de ce secteur, les industries manufacturières ont enregistré une baisse tendancielle en passant de 16% en 1974 à 12% en 1978 (M. Baba Ahmed, 1999, P.116),

Durant cette période, pour accroître la production intérieure brute réelle annuelle d’un point il était nécessaire d’investir 1,09 milliards de dinars durant le triennal, 3,165 milliards de dinars durant le premier quadriennal et enfin 6,125 milliards de dinars durant le deuxième quadriennal. Toujours durant cette période, pour produire un dinar supplémentaire, il fallait investir 7,75 DA dans les hydrocarbures et 3,6 DA dans les autres secteurs.

Cette situation témoigne de l’incapacité dans laquelle se trouve l’économie algérienne pour passer d’une croissance extensive à une croissance intensive, par absence d’intériorisation du progrès technique et d’innovation. Selon W. Andreff (1993, p.280), « un dernier indice d’épuisement de la croissance extensive est l’impossibilité de continuer à faire croître les consommations intermédiaires au même rythme qu’antérieurement ».

Notes
15.

- L’estimation a été réalisée par le FMI sur la base de la fonction de production de type Cobb Douglas

Y = AKα(h.L)1-α .

Avec h représentant le facteur capital humain, K le capital matériel et L le travail. La constante A représente la PTF et α l’élasticité de la production par rapport au capital matériel. Deux scenarii sont utilisés : le premier (hypothèse basse) s’appuie sur un rapport de 1/3 pour le capital matériel et de 2/3 pour le travail et le capital humain combinés.

Le second (hypothèse haute) est fondé sur un rapport de 1/2 pour le capital et 1/2 pour le travail et le capital humain.