3.1 L’impact d’un boom pétrolier sur l’économie.

3.1.1 Les modèles du Dutch Disease

La mono-exportation induit une autre particularité : une hausse des prix dans un secteur produisant une ressource naturelle tendrait spontanément à compromettre tout effort d’industrialisation ou de diversification des exportations, aggravant ainsi la vulnérabilité de l’économie. On parle alors de « syndrome hollandais » ou de « Dutch disease ».

La notion de « Dutch Disease » est apparue au cours des années soixante dix aux Pays-Bas et traduit les problèmes rencontrés par l’économie de ce pays à la suite de la découverte et de l’exploitation des réserves du gaz naturel des gisements de Slochteren. Afin de mieux cerner ce phénomène des modèles théoriques ont été formulés durant les années soixante dix et quatre vingt par Grégory (1976), Corden et Neary (1982) puis Corden (1984).

Incontestablement, tous ces modèles puisent leur fondement théorique dans la théorie traditionnelle du commerce international des avantages comparatifs de David Ricardo, de ses développements (la théorie d’Heckscher-Ohlin et d’Heckscher-Ohlin -Samuelson) et de sa dynamisation (la théorie de Rybscynski).

Les modèles35 du dutch diseasepartent de l’hypothèse d’une petite économie ouverte (price taker) où la découverte d’une ressource minière provoque tout d’abord une situation d’excédent de la balance commerciale. Par la suite, un changement des prix relatifs et du taux de change réel induit par cette situation, va décourager les exportations des produits hors cteur minier et favoriser les importations en les rendant moins chères en monnaie nationale. Ce qui conduit au déclin de la production domestique des biens échangeables36.

Notes
35.

- Pour un exposé des modèles sur le commerce international de David Ricardo et d’Heckscher-Ohlin-Samuelson on pourrait se référencer à l’ouvrage d’« Economie internationale » de PR. Kugman et M.Obstfeld.

Pour un exposé du modèle de Rybczynsky on pourrait consulter : « la politique douanière et ses gains de l’échange » de B. Lassurdie Duchene.

36.

- Les biens échangeables ou commercialisables (tradables) sont les biens effectivement importés ou exportés ou pouvant l’être, dont les prix sont fixés sur le marché mondial. Ils sont produits par le secteur d’exportation traditionnel et le secteur en boom. Les biens non échangeables (Non tradables) sont les biens dont les prix résultent de la confrontation de l’offre et de la demande locales tels que les services, les bâtiments etc. et par extension tous les biens abrités du fait de l’existence d’une protection tarifaire ou de coût de transport très élevés (Banque Mondiale).