Conclusion de la première partie

Cette partie a permis de montrer que la stratégie de développement mise en œuvre durant les années soixante dix, axée essentiellement sur l’intervention de l’Etat en tant que principal régulateur et agent économique, l’extension du secteur public et les hydrocarbures comme principal source de financement interne et externe, a montré ses limites que traduisent la faible réalisation des objectifs assignés aux plans de développement.

Ainsi, la gestion administrée de l’économie, tout la concrétisation de grands projets d’investissement et un vaste mouvement de création d’emplois, n’a pas permis d’ériger un appareil productif efficace en terme de productivité. Les systèmes de prix, de taux de change et d’intérêts administrés sensés assurer la bonne réalisation des plans de développement, ont, au contraire constitué des entraves qui ont conduit vers desdysfonctionnements.

Par ailleurs, la relative stabilité des taux d’intérêt mondiaux conjuguée à la hausse des prix des hydrocarbures durant cette période, a largement contribué à atténuer les contraintes financières relatives aux équilibres macroéconomiques. Les conséquences de ce relâchement sont connues : un déséquilibre quasi chronique de la balance des paiements induit par le poids de la dette, un déséquilibre entre l’offre et la demande de biens et services induit par l’incapacité de l’appareil productif à répondre à une demande de plus en plus importante en biens de consommation et biens de production.

Les réformes engagées par les pouvoirs publics au début de la décennie quatre vingt pour tenter de redresser la situation l’ont au contraire aggravé. La réduction de la taille des grandes entreprises visant officiellement, une gestion plus facile et plus efficace de celles-ci, a au contraire fait perdre à ces dernières les économies d’échelle qu’elles escomptaient récupérer de leur dimension.

En outre, les assainissements financiers devenus récurrents de ces entreprises ont davantage relâché leurs contraintes financières. Ainsi, loin d’améliorer leur situation financière, ces assainissements ont largement contribué à creuser le déficit du budget de l’Etat et par conséquent augmenter le poids de l’endettement.

C’est donc un fait incontestable qu’à la fin du quinquennat, l’économie algérienne a connu une dégradation économique manifeste se traduisant par une dépendance économique et financière vis à vis des marchés mondiaux. Dépendance d’autant plus dangereuse que les conditions de ces marchés, marché financier et marché de l’énergie, sont on ne peut plus serrées au cours de la décennie quatre vingt.

Les faibles résultats obtenus à l’issue d’un ajustement interne mis en œuvre pour désamorcer la crise du milieu des années quatre vingt, ont montré les limites d’un programme de réformes intervenant, en dépit de la volonté des pouvoirs publics d’instaurer une séparation des prérogatives de l’état en tant que puissance publique et de ses prérogatives en tant que gestionnaire des capitaux marchands, dans un système de gestion administré marqué toujours par le rôle prépondérant de l’Etat. Ainsi, malgré les différents diagnostics faits sur le secteur public économique concluant à l’existence de faiblesses dans le fonctionnement de l’économie, l’Etat a poursuivi ses actions d’assainissement grevant lourdement sur plusieurs années le budget de l’Etat avec tous ses impacts sur les équilibres macroéconomiques.

Ces mesures sont venues amplifier le phénomène de la crise économique précipitant l’économie algérienne dans une situation de rareté des ressources, amenant fatalement les pouvoirs publics à recourir à l’intervention des Institutions Financières Internationales pour desserrer cette contrainte.