2. Le modèle de la Banque Mondiale

Alors que le modèle du Fonds Monétaire s’appuie sur le principe de la réduction de la demande pour rétablir les équilibres macroéconomiques et financiers, le modèle de la Banque Mondiale se fonde sur les conditions d’équilibre en partant de l’offre. Le modèle de la Banque Mondiale qui sert de cadre d’analyse aux mesures du programme d’ajustement structurel dans les pays en transition est tiré de la théorie de la croissance d’HARROD.

La Banque Mondiale s’intéresse en effet à la manière dont ces pays peuvent retrouver le chemin de la croissance de long terme. Le modèle part de la relation du coefficient marginal de capital (l’ICOR : incremental capital output ratio) qu’elle suppose stable :

γΔY = ΔK

Où γ représente l’ICOR, Y le PIB et ΔK la variation de l’investissement.

La fonction de consommation des ménages est la suivante :

C = (1- s) (Y – T)

Avec s la propension marginale à épargner, Y le PIB réel et T l’impôt net.

Les importations sont une fonction stable du PIB :

M = mY

Avec mdésignant la propension marginale à importer (ΔM/ΔY).

La variable cible est ΔY, la croissance du PIB réel. Les variables T (impôts) et G (les dépenses publiques) sont les variables instrumentales du modèle.

La relation d’équilibre macroéconomique s’écrit de la façon suivante :

Y = C + I + G + X – M(1)

Où I représente l’investissement c'est-à-dire la variation du capital K, (I = ΔK)

En remplaçant les fonctions C et M par leurs valeurs dans (1) il vient :

Y = (1 – s) (Y – T) + ΔK + G + X – mY(2)

De cette relation on peut extraire ΔK:

ΔK = Y – (1 – s) (Y – T) – G – X + mY

ΔK = Y – G – Y + sY – sT + T + mY – X

ΔK = (s + m) Y + (1 – s) T – G – X(3)

Cette relation s’exprime ainsi : une augmentation de l’impôt T et une diminution des dépenses publiques G induit une augmentation de l’investissement et du PIB réel. Ce modèle va dans le sens de celui préconisé par le Fonds Monétaire, à savoir qu’une politique budgétaire restrictive est préférable pour la croissance à une politique expansionniste à la keynésienne.

Les limites de ce modèle tiennent à la non prise en compte de certaines variables monétaires ainsi qu’à l’hypothèse de stabilité du coefficient du capital. Ce modèle a été transformé afin de mieux prendre en considération la réalité des pays en transition qui souffrent du manque de productivité. La Banque Mondiale élabore donc un modèle de croissance basé sur une fonction de production à deux facteurs qui intègre la productivité globale des facteurs :

ΔY = (1 - α) ΔK + α ΔL + ΔQ

Où K représente le stock de capital, L le facteur travail, α la part du travail dans la production et Q la productivité globale des facteurs. La productivité est mesuré par deux indices : le taux d’utilisation des ressources noté (tu) et le taux d’efficacité de l’allocation des ressources noté (te). Les valeurs de tu et te sont comprises entre 0 et 1.

Ainsi, La relation précédente devient :

ΔY = (1 - α) ΔK + α ΔL + Δtu + Δte

L’investissement étant financé soit par l’épargne S soit par le solde de la balance courante (BC), il découle :

ΔY = (1 - α) (ΔS + ΔBC) + α ΔL + Δtu + Δte

Le modèle de la Banque Mondiale (qui intègre les mesures du FMI à travers le solde positif de la balance courante) montre que le retour à la croissance est conditionné par une augmentation de l’épargne, un solde positif de la balance courante et une meilleure utilisation des ressources. Cette dernière étant supposée avoir lieu avec la libéralisation et la privatisation de l’économie (W.Andreff 2007).