4. L’évolution de la dette extérieure avant et après le rééchelonnement

La dette algérienne qui s’élevait à environ 25 milliards de dollars en 1993, a évolué ainsi durant la période précédant le rééchelonnement :

Tableau n°48 : Evolution de l’encours de la dette (Unité : millions de dollars US)

Source : banque d’Algérie

La lecture de ce tableau met en évidence une stabilité de l’encours de la dette à long terme et une diminution de la dette à court terme. Ceci s’explique par le fait que l’Algérie n’arrive pas à mobiliser des crédits, d’une part en raison de la réticence des créanciers (en partie à cause de l’arrêt des négociations avec le Fonds Monétaire) et d’autre part, la hausse des taux d’intérêt pratiqués sur le marché financier international a rendu l’accès difficile.

Par ailleurs, l’évolution de la structure de la dette par type de crédit montre qu’avant le rééchelonnement, la part des crédits bilatéraux et des crédits financiers est dominante dans l’encours de la dette.

Tableau n°49 : Evolution en % de la structure de l’encours de la dette avant rééchelonnement

Source : banque d’Algérie

Cette situation résulte essentiellement de l’opération de reprofilage de la dette d’un montant de 4 milliards de dollars dont a bénéficié l’Algérie en 1991, d’accords de crédits commerciaux français garantis par la COFACE et de financements accordés par les Etats-Unis pour l’importation de produits alimentaires et d’équipements pour la production.

Les auteurs sont, toutefois, unanimes pour affirmer que le stock de la dette algérienne est relativement modeste comparativement à celui des pays voisins. Toutefois, sa structure est telle que le service de la dette extérieure représente plus de 70% de ses exportations, alors qu’au Maroc et en Tunisie ce ratio représente moins de 30%.

Tableau n°50 : Evolution des indicateurs de la dette pour l’Algérie et les pays voisins en 1992

Source : banque mondiale et Banque d’Algérie

Le niveau élevé de ce ratio pour la dette algérienne, trouve son explication en partie dans le fait que les exportations algériennes sont libellées en dollars américains alors que la dette extérieure ainsi que les importations sont libellées en monnaies européennes et japonaises essentiellement. Ainsi, toute variation de la valeur du dollar par rapport à ces monnaies peut être source de gonflement de la dette. Selon un rapport d’expert intitulé « Algérie 2005 » cité par Belhimmer (1998), la variation du service de la dette consécutive à une variation d’un dollar américain du prix du baril de pétrole est estimée à 5%.

L’opération de rééchelonnement de la dette extérieure auprès des clubs de Paris et de Londres ainsi que la facilité de financement élargie accordée par le FMI, ont apporté à l’Algérie des financements d’un montant global de 21 milliards de dollars entre 1994 et 1998, dont 12 milliards de dollars au titre de rééchelonnement de la dette publique auprès du club de Paris et 3 milliards de dollars sous forme de financements accordés par le FMI.

Par ailleurs, grâce à cet appui, l’Algérie a également pu bénéficier de crédits nouveaux auprès de créanciers officiels et des banques internationales portant ainsi le montant global des financements extérieurs à 30 milliards de dollars au cours de la période sous ajustement.

Ainsi, l’ensemble de ces opérations a induit un desserrement de la contrainte financière et une restructuration de la dette extérieure dont l’évolution a été la suivante durant la période 1994-1998.

Tableau n°51 : Evolution de la structure de la dette extérieure après rééchelonnement (Unité : milliards de dollars et en %)

Source : Banque d’Algérie

La structure de la dette extérieure montre que la part des crédits de rééchelonnement représente presque la moitié (50,3%) sur les emprunts extérieurs à moyen et long terme à la fin du programme d’ajustement. Ces crédits viennent en substitution des crédits bilatéraux qui représentaient 53,2% en 1994 et qui ont vu leur part diminuer pour passer à 26,8% à la fin des années quatre vingt dix.

Conformément aux prévisions du FMI et de la Banque d’Algérie, l’évolution de la dette extérieure a été marquée par une quasi stabilisation durant la période 1994-1997 comme on peut le constater dans le tableau suivant :

Tableau n°52 : Evolution de l’encours et du service de la dette (Unité : milliards de dollars)

Source : banque d’Algérie

A l’origine de cette stabilisation, on trouve une augmentation plus que prévue des recettes d’exportation des hydrocarbures induite par une légère hausse des prix et des quantités exportées59 et une réduction des importations.

Tableau n°53 : Evolution de la balance courante (Unité : milliards de dollars)

Source : banque d’Algérie

L’évolution favorable des comptes extérieurs, perceptible à travers la diminution de l’encours de la dette suite à l’opération de rééchelonnement et l’augmentation du solde de la balance courante, a amélioré sensiblement les ratios d’endettement durant la période.

Tableau n°54 : Evolution des indicateurs d’endettement

Source : banque d’Algérie

Toutefois, en 1998 les indicateurs d’endettement ont connu une légère détérioration sous l’effet notamment de la baisse des recettes d’exportation des hydrocarbures et la fin du rééchelonnement.

Notes
59.

-durant la période allant de 1996 à 1998, grâce au partenariat avec les firmes étrangères, il eu d’importants gisements découverts.