2. Le Bilan de la libéralisation du commerce extérieur.

2.1 L’impact de la libéralisation sur la structure des échanges.

Durant la période sous ajustement structurel (1994-1998), les autorités ont, conformément aux engagements pris dans le cadre de ce programme, essayé de redresser la situation des comptes extérieurs par le maintien des importations à leur niveau minimal en agissant par le mécanisme de la dévaluation.

A l’issue de ce programme les échanges avec l’extérieur ont évolué favorablement comme on peut le constater à partir du graphe suivant:

Graphe n°26 : L’évolution du solde courant et de ses composantes (Unité : milliards de dollars)

Source : Données de la Banque d’Algérie

Cette évolution favorable est le résultat de l’augmentation continue des exportations et de l’impulsion donnée aux importations par l’abolition des restrictions quantitatives et le démantèlement tarifaire progressif.

La structure des exportations durant cette période, montre en effet que les exportations en volume et en valeur des hydrocarbures ont pris un essor particulier. Les dernières opérations d’exploration avec la contribution des compagnies étrangères, ont permis la découverte de nouveaux gisements qui recèlent un potentiel de réserves très important.

Graphe n°27 : La part des exportations d’hydrocarbures dans les exportations globales

Source : L’Office National des Statistiques.

Le graphe montre que les exportations d’hydrocarbures tendent à se confondre avec les exportations totales, dénotant ainsi de prime abord l’absence d’effet restructurant de la libéralisation des échanges sur l’offre exportable.

L’analyse des exportations hors hydrocarbures fait ressortir que ces dernières ne représententplus qu’environ 2% du total exporté en 2006 contre 5% en 1993. Ces exportations secomposent essentiellement de :

  • demis produits (l’ammoniac, les produits ferreux et non ferreux, les produits laminées etc.) avec un taux d’environ 75 % en moyenne rapporté aux exportations totales hors hydrocarbures ;
  • produits bruts avec un taux de 6% rapporté au même total ;
  • produits d’équipement industriels (tracteurs, moyens de transport de marchandises etc.), avec un taux de 6% en moyenne ;
  • de produits alimentaires avec un taux de 5,5% (constitués en majorité par la datte pour plus de 70% du total de ces produits).

Cette structure est restée presque sans changement durant toute la période allant de 1994 à 2006. La rigidité de l’offre interne, l’absence de mécanismes incitatifs à l’exportation, le manque de moyens de transport et d’infrastructures (routes, aéroports, ports…) sont autant d’obstacles à l’exportation et à sa diversification.

A l’inverse, avec la libéralisation du commerce extérieur, on assiste à un changement dans l’évolution des importations.

Graphe n°28 : Evolution des importations et du tarif douanier moyen

Source : douanes algériennes

La politique de change à travers la dévaluation et la politique tarifaire ne se sont pas traduites par des retombées positives sur l’évolution et la restructuration des importations. En effet, l’objectif attendu de la politique de change a été contrecarré par celui de la politique tarifaire et de la reprise des prix des hydrocarbures, ce qui explique la remontée des importations à partir de 1998.

Cette croissance des importations en valeur et en volume à cause et en dépit de l’appréciation de l’euro par rapport au dollar américain, s’explique également par l’accroissement de la demande en biens de consommation et d’investissement induite par la hausse des revenus et la mise en œuvre des programmes de relance du gouvernement. On constate ainsi, que le niveau incompressible des importations, estimé à environ dix milliards de dollars pour les années quatre vingt dix passe à environ quinze milliards de dollars pour les années deux mille. De plus, la libéralisation des échanges, tout en permettant de mettre fin aux pénuries de nombreux produits non fabriqués localement et en intrants, a révélé la non compétitivité des produits locaux qui, souvent, ne répondent pas aux normes internationales, d’où la préférence des consommateurs pour les produits importés de meilleure qualité.

Graphe n°29 : Evolution de la structure des importations

Source : Office Nationale des Statistiques

L’évolution de la structure des importations montre une diminution de la part des biens alimentaires qui représentent 17% du total en 2007 contre 22% en 2001 et 25% en 1995, et une hausse des biens d’équipement industriels et agricoles dont la part rapportée au total importé est de 42% en 2007 contre 38% en 2001 et 30% en 1995. Cette évolution positive nécessite, toutefois, une analyse plus approfondie afin de mieux cerner les facteurs à l’origine.

Ainsi, le contenu des biens d’équipement est constitué essentiellement de moyens de transport pour le tourisme et les marchandises ainsi que de téléphones portables alors que les biens d’équipement destinés « au fonctionnement de l’outil de production » à l’exclusion des matériaux nécessaires à la construction, n’ont pas connu de changement notable durant cette période. Ceci nous amène à conclure que les biens importés sont des produits finis destinés à la consommation finale et non à la production.

S’agissant des biens alimentaires, le blé et le lait occupent respectivement la première et la quatrième place (plus de 60% des importations) et connaissent un rythme de croissance de plus en plus élevé (plus de 20% par an), démontrant ainsi le caractère pérenne de la dépendance de l’Algérie pour ces produits.