Conclusion de la deuxième partie

Au début de leur création, les institutions issues de Bretton Woods finançaient les pays en situation de déséquilibre conjoncturel de la balance des paiements. La crise de la dette des pays en développement survenue au début de la décennie quatre vingt, génératrice d’un risque de déstabilisation du système monétaire international, a amené les institutions financières internationales à adopter d’autres politiques et stratégies au profit des pays membres.

Ainsi, les fonds prêtés sont structurés en tranches de crédits adossées à des conditionnalités qui vont en durcissant. Ces dernières reposent sur des critères de performance dont la quantification est déterminée par des modèles théoriques d’inspiration libérale.

Les présupposés théoriques des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel synthétisés par ce que J Williamson appelle le « consensus de Washington », recommandent à court terme, la réduction de la demande à travers des restrictions budgétaires et monétaires trouvant leur formulation dans le modèle de J. J. Polak utilisé par le FMI, et à long terme la relance de l’offre constituant le fondement du modèle de la Banque Mondiale.

Ces mesures conditionnent les prêts accordés par cette institution d’où le vocable de conditionnalités. La mise en œuvre de ces recommandations dans des contextes en constante évolution (celui des pays en développement et celui de l’économie mondiale), a poussé les adhérents au Consensus à revoir le contenu de la conditionnalité dans la forme mais dans le fonds elle demeure la même. Ainsi, le modèle du FMI, bien qu’élaboré durant les années cinquante par J. Polak demeure toujours en vigueur.

A l’issue de ce premier programme de stabilisation mis en œuvre par les pouvoirs publics sous l’égide du Fonds Monétaire avec la participation de la Banque Mondiale, nous pouvons à priori conclure à une amélioration de la situation macroéconomique. Ainsi, Les réformes monétaire et budgétaire se sont traduites par la restauration de l’équilibre du budget de l’Etat et de l’équilibre extérieur.

Cependant, cette amélioration dans les grands équilibres a été suivie par une détérioration de l’endettement extérieur dont l’indicateur dette extérieure/PIB est passé de 47% en 1988 à 60,6% en 1991. L’apport d’argent frais a induit une remontée du service de la dette et partant du stock de la dette.

Par ailleurs, la compression des investissements, soit directement à travers les dépenses publiques soit indirectement à travers la dévaluation en rendant les importations d’inputs plus chers, a lourdement pénalisé le système productif dont la production a encore baissé. L’arrêt du processus de stabilisation et des négociations avec le FMI en 1992 à la faveur de la hausse passagère des prix des hydrocarbures précipitera l’Algérie vers la cessation de paiement de la dette et la reprise des négociations avec le FMI.

En 1994, l’Algérie s’engage à nouveau dans un processus d’ajustement sous l’égide des institutions financières internationales se traduisant par un accord de confirmation qui lui ouvre droit à de nouveaux tirages dans les tranches supérieures de crédits mais assortis de conditionnalités plus sévères quant aux mesures de politiques économiques à mettre en œuvre.

L’accord de confirmation étant un préalable pour entamer le processus de rééchelonnement de la dette extérieure, l’Algérie a mené des négociations avec les Clubs de Paris et de Londres pour établir un programme de rééchelonnement de sa dette extérieure et obtenir de nouveaux prêts. A l’issue de ces négociations, l’Algérie a obtenu un allègement de sa dette extérieure et une amélioration de ses liquidités, lui permettant ainsi de mener à terme les politiques monétaire et budgétaire très strictes imposées par le FMI.

La stabilisation du cadre macroéconomique matérialisée par la restauration des équilibres interne et externe, grâce essentiellement à la remontée des prix des hydrocarbures, pendant toute la période couverte par les accords avec le FMI (1994-1998), a ainsi permis à l’Algérie d’entamer la réalisation du programme d’ajustement structurel articulé autour de la privatisation et de la libéralisation des échanges extérieurs comme leviers de la relance de la croissance.

Les effets attendus de la privatisation de la libéralisation sont la réallocation des nouveaux investissements (J. M Raffinot 1992) vers les secteurs de production d’exportables. Cependant la baisse des investissements, les difficultés à relancer l’offre et l’absence d’une stratégie industrielle permettant d’opérer une sélection efficace des secteurs aptes à accomplir ce rôle, se traduit par une réorientation de la production hors hydrocarbures vers des activités rentables mais non en mesure d’insuffler le dynamisme qu’exige une croissance économique durable.

Les investissements directs étrangers sensés jouer le rôle de « catalyseur de la croissance » (L. Fontagné et J.L Guerin 1997), demeurent rares et sont plutôt de type resource seeking ou market seeking non porteurs de diffusion de la connaissance et d’apprentissage à même de permettre l’implication des unités de production locales dans leur processus de production. Ainsi, la pénétration des marchés extérieurs continue de se fonder sur le seul avantage comparatif traditionnel, c'est-à-dire les hydrocarbures.