Conclusion générale

A l’issue des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel, l’économie algérienne devait renouer avec un cadre macroéconomique viable et une restructuration de l’économie avec la mise en place des mécanismes de marché devant lui garantir une relance de l’offre et une croissance durable.

Force est de constater, qu’après presque une décennie d’ajustement mené sous l’égide des institutions financières internationales, la situation loin d’évoluer favorablement a au contraire empiré. La réallocation plus judicieuse des ressources par laquelle devait s’opérer cette restructuration n’a pas eu lieu. L’économie, aussi bien pour son offre que pour ses échanges avec l’extérieur demeure tributaire du secteur des hydrocarbures.

Le programme de stabilisation mis en œuvre en 1994 a permis à l’économie algérienne de rétablir les équilibres macroéconomiques, dans un contexte caractérisé par une quasi-stabilité des prix du baril de pétrole. Ce rétablissement, réalisé par le biais de la dévaluation et des politiques monétaire et budgétaire restrictives adoptées, s’est malheureusement accompagné de peu d’effets positifs sur le système financier et l’appareil productif.

La politique monétaire, à travers la compression de la masse monétaire, a certes permis de réduire l’inflation et le crédit à l’Etat et par voie de conséquence le déficit budgétaire, mais n’a eu que peu d’effets sur la réactivation de l’épargne et la relance de l’investissement.

La politique budgétaire, menée à la faveur de la réduction des dépenses de fonctionnement et d’investissement et de l’augmentation des recettes, a induit un impact positif sur le budget de l’Etat mais avec, toutefois, des conséquences négatives sur le système productif. La restriction des subventions au même moment que la dévaluation et le réaménagement tarifaire induit par la libéralisation sont autant de facteurs qui vont accélérer le processus de déstructuration déjà entamé de ce système.

La dévaluation, instrument principal d’ajustement de la balance des paiements, était sensé améliorer les termes de l’échange en favorisant les exportations et en décourageant les importations. En Algérie les deux principales dévaluations qui ont eu lieu en 1989 et 1994 n’ont pas influé positivement sur l’évolution du volume et de la structure des exportations alors qu’elles ont eu un effet négatif structurant sur les importations. En conclusion, la dévaluation, comme mesure de régulation, n’a pas été efficace en Algérie. En effet, en rendant les prix des inputs plus chers, elle a sanctionné l’appareil productif ce qui a eu pour conséquence une baisse continue du PIB réel.

En matière d’ajustement structurel, la privatisation considérée comme l’une des mesures principales devant entraîner une diversification de l’offre destinée au marché interne et externe à travers sa restructuration, a plutôt contribué à la désagrégation du tissu industriel. La dissolution arbitraire de nombreuses entreprises ainsi que la privatisation des entreprises publiques opérée par lot au lieu d’une privatisation sélective opérée au cas par cas, sont plutôt des réponses à des impératifs politiques qu’une action économiques visant le redéploiement de l’appareil productif à travers la recherche d’un partenariat bien adapté.

Ainsi, l’offre a certes été restructurée dans certains cas au profit du secteur privé et plus particulièrement du privé en partenariat avec l’investissement étranger, mais sans que l’on puisse prétendre à une relance généralisée de l’offre de ce secteur. Contrairement aux pays industrialisés où le développement de l’activité tertiaire et plus particulièrement les services, est un corollaire de la croissance de l’offre, en Algérie, le développement de l’activité commerciale (et non des services) est réalisé à la faveur de la libéralisation des échanges qui a ouvert la voie à l’importation et non suite à la relance de la croissance.

Le même constat peut être fait pour la libéralisation des échanges. En effet, la libéralisation avec comme corollaire le démantèlement tarifaire, sensée se traduire par une modification de la structure des échanges à travers une diversification de l’offre exportable, n’a pas produit les effets attendus dans la mesure où la situation continue à se caractériser par :

Au vu des résultats obtenus après dix années d’ajustement sous l’égide des Institutions Financières Internationales, la question de savoir quels sont les avantages tirés de l’application de cet ensemble de mesures se pose quand on sait que les grands équilibres macroéconomiques ont été réalisés ces dernières années à la faveur de la hausse continue des prix des hydrocarbures sur le marché mondial.