L’évolution récente des équilibres macroéconomiques et de la croissance

L’aisance financière procurée à l’Algérie par les recettes d’exportation des hydrocarbures ces dernières années constitue le principal levier du maintien des équilibres macroéconomiques. La croissance mondiale tirée essentiellement par les pays d’Asie et les Etats-Unis, enregistrant des taux avoisinant les 4% en 2004 (en Asie les taux sont proches de 8%) a favorisé la demande de matières premières en général et des hydrocarbures en particulier sur le marché mondial, ce qui a eu pour conséquence une hausse des prix de ces produits.

L’autre impact positif de cette aisance financière est le desserrement de la contrainte financière liée à la dette extérieure se matérialisant par une réduction de l’encours de la dette et du service de la dette, suite aux négociations menées avec les clubs de Paris et de Londres dans le cadre du remboursement anticipé de la dette.

Ces performances ne doivent cependant pas cacher les autres insuffisances. En effet, les causes à l’origine du déficit budgétaire durant les années 1990, ne sont pas annihilées puisqu’on assiste encore à des assainissements financiers des entreprises publiques et du secteur bancaire. Par ailleurs, l’écart entre les dépenses budgétisées et les dépenses effectives continue de se creuser et d’être alimenté par le Fonds de Régulation des Réserves (créé en 2000 dans le but de garantir les dépenses publiques contre les fluctuations des recettes liées aux hydrocarbures).

Dans ce domaine, les autorités publiques ont mis en œuvre dès le début des années 2000, un ensemble de plans de relance à la keynésienne (le deuxième couvrant la période 2005- 2009) avec comme objectifs essentiels le développement des infrastructures (routières, maritimes, aéroportuaires, logements…), le renforcement des institutions de l’Etat et le développement des PME /PMI.

Les montants alloués dans le cadre de ce dernier plan de relance s’élèvent à 50 milliards de dollars (les réévaluations des programmes risquent fort d’amplifier cette somme). Selon le FMI, au démarrage de ce plan, les dépenses d’investissement représentent 18% du PIB hors hydrocarbures.

Cette politique budgétaire expansionniste favorisant la réalisation de grands projets d’investissements coûteux et peu créateurs d’emplois (la plupart des entreprises de réalisation sont étrangères et ont imposé l’utilisation de leur main d’œuvre), nous rappelle étrangement celle des années soixante dix avec toutes les conséquences sur les équilibres macroéconomiques futurs.

En effet, le renforcement des infrastructures de base, de par les externalités positives qu’elles engendrent (création d’activités le long d’une autoroute etc.), considéré comme un levier important de la croissance durable, confirmé par de nombreuses études empiriques, ne peut produire tous ses impacts positifs sur le reste de l’économie que si il est intégré dans une stratégie globale de développement, non une stratégie versus stratégie commerciale pour paraphraser A.Sid Ahmed.88

Notes
88.

- A Sid Ahmed : « Le développement asiatique : quels enseignements pour les pays arabes ? », 2004, page 93