L’analyse du discours dans nos débriefings

Lemke a joué un rôle important dans les études du discours en science de l’éducation cité par Kelly (2007). L'organisation du discours est souvent de la forme « question-réponse-évaluation », visée par Lemke que c’est un dialogue triadique. Cette tendance a même été étiquetés IRE (initiation-response-evaluation) (Orecchioni, 1996) or IRF (initiation-response-feedback =rétroaction); voir Cazden (2001), Mehan (1979), et Sinclair & Coulthard (1975).

L’analyse conversationnelle a été utilisée en didactique et permet une approche générale sur l’analyse des corpus (Orecchioni, 1996; Mehan, 1979). Nous considérons qu’une discussion de classe consiste en un dialogue entre deux locuteurs : l’enseignant et la classe. Par contrat, l’enseignant a la responsabilité de l’organisation du travail, y compris des discussions et, dans certaines situations, il parle et donne la parole à un élève avant de la reprendre. On est donc bien dans un système de dialogue.

Une interaction (voir L6) entre deux locuteurs s’organise le plus souvent sur la base d’un échange ternaire au cours duquel l’un des locuteurs initie la conversation (intervention I), le second répond (intervention R), et le premier reprend la parole pour une intervention appelée évaluation par certains auteurs (Orecchioni, 1996) (intervention E) ou feedback par d’autres (Mortimer, 2000). Cette structure interactive a déjà été remarquée lors de discussions de classe qui s’organisent suivant la structure IREIREIREIRE etc. (voir figure 6 et figure 7)

Figure 6 : L’interaction représentée entre deux locuteurs : l’enseignant comme et la classe.
Figure 6 : L’interaction représentée entre deux locuteurs : l’enseignant comme et la classe.

La structure IREIREIREIRE se présente en classe et selon les interventions de l’enseignant et les élèves comme convenu dans la figure 7. Nous pouvons remarquer d’après cette figure (7) que dans une même intervention de l’enseignant se trouve l’évaluation du premier échange et la nouvelle initiation de l’échange suivant. Ce qui est entre accolades c’est ce que nous appelons échange ternaire.

Figure 7 : L’échange ternaire : l’initiation de l’enseignant, la réponse de l’élève, et l’évaluation de l’enseignant.
Figure 7 : L’échange ternaire : l’initiation de l’enseignant, la réponse de l’élève, et l’évaluation de l’enseignant.

L’échange ternaire peut également se doubler d’échanges enchâssés, quand, au sein d’un échange ternaire, s’instaure une succession d’interventions A (par un locuteur A) et B (par un locuteur B) qui permet de demander plus de précisions. L’interaction se structure ainsi : IREIRABABEIRE, et se trouve également dans les discussions de classe (Mortimer, 1998 ; Mortimer and Scott, 2000) ainsi que d’autres voir la figure 8 ci-dessous.

Figure 8 : Les différents auteurs parlant de l’échange ternaire
Figure 8 : Les différents auteurs parlant de l’échange ternaire

Une telle approche linguistique permet de structurer notre analyse des pratiques enseignantes en étudiant les interventions I d’une part, et E d’autre part, toutes deux sous la responsabilité de l’enseignant. On constate que l’analyse du discours ne dépend pas de l’habituel découpage en tours de parole puisque les interventions E et I consécutives sont dans le même tour de parole de l’enseignant. Par ailleurs, les éventuels échanges enchâssés peuvent être étudiés séparément. L’étude de la conversation s’intéressera également aux interventions de l’élève.