L’élément chimique

Difficulté des enseignants

Ce n’est pas parce que le cuivre métallique a pu disparaître et réapparaître qu’on peut être convaincu que quelque chose en rapport avec lui a toujours été présent. Nombre de contre-exemples pourraient être fournis, ainsi, les arbres perdent leurs feuilles à l’automne et en retrouvent au printemps sans que celles-ci se conservent. Or, dans leur discours, les enseignants semble prendre pour acquis que l’expérience « démontre » la permanence de quelque chose : « on ne peut pas dire le morceau de cuivre s’est conservé est ce qu’on peut dire ça / non parce qu’il a disparu mais le cuivre quand même il est toujours là ». Cela ne permet pas non plus d’affirmer que le cuivre est un élément chimique. Par exemple, de l’eau peut disparaître au cours d’une première réaction chimique (hydrolyse d’un ester) et réapparaître au cours d’une seconde (combustion des produits de l’hydrolyse) alors qu’elle n’est pas un élément chimique.

L’utilisation d’un tel discours n’est pas rationnelle, probablement parce qu’il n’est pas précisé s’il s’agit d’une conservation au sens commun (piagétien) ou scientifique (construite au sein d’un modèle).

Les enseignants auraient été certainement plus convaincants s’ils avaient séparé leur discours en deux phases : (a) nous avons vu que le cuivre métallique a disparu puis est réapparu, et (b) le chimiste interprète cela avec la notion d’élément chimique qui traduit la conservation de quelque chose pendant les transformations. La première phase est une activité de monstration (Johsua & Johsua, 1988 ; Johsua & Dupin, 2003), et la seconde est une interprétation dont les mots clés « conservation » et « transformation » ont, grâce à l’analogie, un sens commun pour la classe. Nos enseignants n’ont pas adopté cette présentation, indiquant le manque de confort au moment de la délicate introduction de la notion d’élément chimique.