Relations entre signes et représentés

Duval a montré que cinq, et seulement cinq, relations entre le signe et ce qu’il représente sont présentes au sein des divers cadres théoriques de l’étude des signes proposés par Platon, Pierce, Saussure, etc. Ces relations sont rappelées ici avec des exemples choisis, par l’auteur (Duval, 2006). (1) La première de ces relations entre le signe et ce qu’il représente est la ressemblance. Elle est présente chez Platon et Pierce, mais c’est une notion pour le moins délicate à préciser. Comment chiffrer qu’un signe est plus ou moins ressemblant au représenté correspondant (voir la figure 1) ?  (2) La deuxième relation est la référence, encore appelé dénotation ou désignation. Cette relation apparaît clairement dans la désignation des lettres en algèbre (soit x…) ou dans le cas d’une définition mettant en jeu une désignation linguistique (on appelle orthocentre…). (3) La causalité est également une relation qui lie le signe et son représenté. L’exemple se trouvant dans tous les livres de sémiotique est la fumée, signe de l’existence d’un feu (le signe est l’effet). Le signe peut également être une cause, par exemple pour la circulation routière : le signe sens interdit est la cause du non-passage des véhicules. (4) La quatrième relation résulte de l’opposition, ou de la combinaison des signes. Il faut qu’au moins deux signes soient utilisés pour cela. L’organisation des signes les uns par rapport aux autres peut être essentielle pour la création du sens. C’est le cas de l’organisation des mots dans une phrase, tel que l’a montrée Saussure (1917). C’est aussi le cas des chiffres au sein d’un nombre (Duval, 1995). (5) Dans la dernière relation, ce qui compte est la nature du représenté (aliud aliquid). Un signe peut représenter non seulement un objet matériel, un objet idéal, mais aussi un autre signe, comme une lettre en algèbre, qui remplace une expression complexe d’autres signes. C’est ainsi que le thermodynamicien Clausius a nommé U et S certains intermédiaires de calcul, pour raison de facilité algébrique, bien avant que les termes énergie interne et entropie ne furent forgés, ce qui explique l’absence de relation dans ces choix de lettres et les concepts correspondants (Howard, 2001).

Figure 1 : A gauche:
Figure 1 : A gauche: Les deux mystères. René Magritte, 1966 (huile, 65×80 cm). Sur le tableau il est écrit Ceci n’est pas une pipe. A droite, Pochade de Magritte, 1926 (l’original est sur fond noir).