1.4. Émergence des modèles à traces multiples

Malgré tout, l’approche multi-systèmes de la mémoire est restée pendant longtemps la principale description scientifique du fonctionnement mnésique. Elle a permis de faire un inventaire intéressant des différentes formes de connaissances en s’appuyant sur des critères cependant parfois trop dichotomiques. Une connaissance en mémoire n’est pas sémantique ou épisodique. Elle n’est pas purement abstraite ou purement concrète. Les propriétés accordées aux connaissances ne peuvent pas dans ce contexte, représenter toute la diversité et toute la finesse du fonctionnement cognitif qui, de plus, sont spécifiques à chaque individu.

Les nuances possibles apportées par la théorie de la profondeur de traitement ainsi que les premiers modèles épisodiques amorcent donc une vision beaucoup plus flexible de la mémoire. Les modèles qui font suite dans les années 80 et 90 considèrent toutes les connaissances en mémoire comme l’accumulation de traces spécifiques : la spécificité sera définie en termes de propriétés sensorielles, contextuelles, émotionnelles offrant une gamme indénombrable de nuances.