1.4.2. Les modèles à traces multiples

Pour les nouveaux modèles, la mémoire ne correspond plus à un ensemble de sous-systèmes mnésiques indépendants, mais résulte d’un système unique où chaque expérience est enregistrée sous forme de trace. Un point important dans ce contexte, est que les connaissances dites sémantiques, pensées comme décontextualisées et amodales par les modèles multi-systèmes, ne se distinguent plus à proprement parler des connaissances épisodiques. L’économie de différentes mémoires pour différents types de connaissances, se traduit par l’existence de mécanismes communs nécessaires à l’encodage des informations. Ces mécanismes codent chaque dimension sensorielle, motrice, émotionnelle, etc., qui définissent l’information dans son contexte. Pour Bruce Whittlesea (1989), la nature de la trace dépend essentiellement des traitements accomplis sur le stimulus. Elle est fonction des attentes de l’individu et de l’attention qu’il porte plus particulièrement sur telle ou telle dimension. Pour un même stimulus, différentes situations d’encodage peuvent donc avoir lieu et permettre la construction de différentes traces mnésiques (cette approche est semblable à celle de Craik et Lockhart qui attachaient beaucoup d’importance à l’activité et à l’humeur du sujet).

Cette manière d’envisager la mémoire va se traduire par un certain nombre de modélisations mathématiques dans lesquelles la réactivation d’une information en mémoire ne reposerait pas sur la récupération mais sur la reconstruction des multiples traces en lien avec l’information. Outre les travaux de Whittlesea (modèle VISA), l’une des modélisations les plus connues est sans doute celle du professeur Douglas Hintzman.