L’activation automatique de composants moteurs en présence d’un objet

D’autres auteurs s’intéressent plus particulièrement à la représentation mentale élaborée à partir d’un objet. Les hypothèses d’activation de composants sensori-moteurs sont toujours les mêmes. L’une des expériences de référence dans le domaine est sans doute celle d’Ellis et Tucker réalisée en 1998. Les auteurs appellent le paradigme qu’ils utilisent le Stimulus-Response Compatibility (SRC), aisément comparable à l’Action-sentence compatibility effect de Glenberg et Kaschak.

Dans leur expérience, ils proposent à des sujets de catégoriser des objets selon leur orientation normale (à l’endroit) ou inversée (à l’envers) et dont la préhension implique soit la main droite soit la main gauche. Les auteurs postulent que la vision d’un objet active automatiquement chez l’individu des « réactions d’utilisation », caractérisées par des représentations motrices. Les résultats montrent en effet que les temps de réponse sont plus courts lorsque la main utilisée pour fournir la réponse est la même que la main censée être impliquée lors de la préhension de l’objet vu. Les auteurs proposent que la représentation de l’objet nécessaire pour le catégoriser, inclue des composants moteurs similaires à ceux nécessaires pour répondre à la tâche. Le SRC est donc un paradigme qui implique des composants communs pour d’une part traiter un stimulus et d’autre part exécuter un mouvement.

Enfin, une expérience française récente (Olivier, 2006) réplique le paradigme SRC en utilisant un matériel cependant différent. Les sujets devaient attraper un interrupteur soit proche soit éloigné d’eux en fonction de la couleur d’une pièce d’un jeu échec, présentée à l’écran. Une interaction est obtenue entre la position (proche ou éloignée) de la pièce à l’écran et la réponse manuelle (également proche ou éloignée). Pour les auteurs, les sujets simuleraient mentalement et de façon automatique l’acte d’attraper la pièce dès qu’ils la percevraient. Cette analyse rappelle celle d’Ellis et Tucker qui parle de « réactions d’utilisation » (voir aussi Van den Bergh, Vrana, & Eelen, 1990).