Intégrations précoces dans les aires auditives

Chez l’animal (le macaque) par exemple, des enregistrements intracrâniens montrent la convergence d’inputs somatosensoriels et auditifs à l’intérieur de sous régions du cortex auditif. Il s’agit d’un substrat neural à la base d’intégrations multisensorielles à un moment précoce du traitement cortical auditif (Fu et al., 2003; Schroeder et al., 2001 ; Schroeder & Foxe, 2002). Plus récemment, Ghazanfar, Maier, Hoffman et Logothetis (2005) ont enregistré l’activité neuronale dans le cortex auditif de singes rhésus pendant qu’ils voyaient des congénères « vocaliser ». Ils démontrent eux aussi grâce à l’observation de l’augmentation de l’activité corticale dans cette région, que le cortex auditif primaire intègre les signaux vocaux et faciaux d’une situation qui met en avant un de leurs congénères. Cette intégration multisensorielle est obtenue aux alentours de 100 ms.

Des observations similaires ont également été faites chez l’humain. En particulier, beaucoup d’études utilisant les potentiels évoqués ont démontré des interactions dans les aires auditives : récemment, Murray et al. (2005), en utilisant des indices électrophysiologiques, ont montré des interactions dans les aires auditives associatives (voir aussi Foxe et al., 2000).

De même, dans une étude EEG portant sur la reconnaissance d’objets bimodaux, Giard et Peronnet (1999) montrent l’existence d’interactions audio-visuelles précoces dans les cortex sensoriels (visuel et auditif), dès 40 ms (voir également Molholm et al., 2002). Enfin, des études anatomiques aujourd’hui de référence, révèlent des projections directes entre les régions auditives, incluant A1 et les aires visuelles V1 et V2 (Falchier, Clavagnier, Barone, & Kennedy, 2002; Rockland & Ojima, 2001, 2003; Schroeder et al., 2003).