Des connaissances fonctionnelles

Ainsi, les connaissances que nous emmagasinons dans notre mémoire et celles que nous sollicitons sont constituées de composants sensoriels, moteurs et émotionnels sous-tendus par les structures neuronales impliquées dans la perception, l’action et l’émotion. Nos connaissances sont donc issues de notre interaction avec l’environnement. Les connaissances sont dites fonctionnelles : selon nous, toutes formes de représentations mentales, qu’elles soient conceptuelles ou de type souvenir, correspondent à des états d’activation du système mnésique et sont toujours créées ou recréées dans le cadre d’interactions avec l’environnement, plutôt que simplement stockées et récupérées. Les représentations mentales que nous avons en mémoire ne sont donc pas figées mais au contraire continuellement modifiées et enrichies par les variations de l’environnement. L’idée de connaissances fonctionnelles est par ailleurs au coeur de l’embodied memory  proposé par Glenberg (1997). Pour cet auteur, la mémoire est au service de la perception et de l’action. « Les systèmes perceptifs auraient selon Glenberg évolué pour faciliter les interactions entre l’individu et son environnement, et donc le monde serait conceptualisé selon les possibles interactions entre le corps et son environnement. D'où l'idée de représentations « incarnées » car issues du monde environnant et surtout des actions sur ce monde. Une des particularité de cette approche fonctionnelle de la mémoire est qu’elle permet d’envisager le fonctionnement cognitif dans sa globalité d’une manière très intégrée. Les mécanismes perceptifs, les mécanismes mnésiques, les mécanismes liés à l’imagerie mentale, et même nous l’avons vu, bien qu’à un degré moindre, les mécanismes attentionnels sont ici indissociables. La perception et l’imagerie sont décrites comme le résultat de l’activité du sujet ou plus largement du système cognitif sur l’environnement » (Versace, Labeye, Badard, & Rose, 2008, p.19).