Résultats

Les analyses présentées ci-dessous sont des analyses de variance effectuées grâce au logiciel SuperAnova. Les latences moyennes et les taux de bonnes réponses ont été calculés pour chaque sujet dans les quatre conditions expérimentales. Cependant, les latences associées aux mauvaises réponses ont été exclues de ces analyses. De la même façon, les latences supérieures à 1200 ms et celles inférieures à 100 ms n’ont pas été traitées. Nous avons en effet considéré que les temps supérieurs à 1200 ms avaient pu faire l’objet d’autres traitements cognitifs qui interféraient avec les effets d’amorçage étudiés. Quant aux temps inférieurs à 100 ms, nous les avons considérés comme trop courts pour une réelle catégorisation des stimuli. Enfin, parmi les latences restantes, celles s’écartant de plus de 3 écart-types de la moyenne ont elles aussi été exclues.

Le tableau 7 présente les moyennes des temps de réponse et des pourcentages de bonnes réponses obtenus pour traiter la cible en fonction des conditions expérimentales.

Tableau 7. Expérience 7. Moyennes des latences en ms avec les erreurs standards et les pourcentages de bonnes réponses (BR) en fonction des quatre conditions expérimentales et du SOA.
    SOA 500 ms SOA 100 ms
    Latences BR Latences BR
Formes identiques Positions
identiques
419 ms (9,5) 99,6 % 385 ms (7,6) 100 %
Positions différentes 430 ms (9,7) 99,6 % 394 ms (7,4) 99,4 %
Formes différentes Positions identiques 427 ms (11,2) 99,7 % 392 ms (8,0) 99,1 %
Positions différentes 424 ms (9,9) 99,7 % 402 ms (9,0) 98,3 %

L’ensemble de ces résultats a été soumis à différentes analyses de variance, avec comme facteur aléatoire le facteur sujets, comme facteur inter-sujets le « SOA » et comme facteurs intra-sujets les variables « forme » et « position ». Comme dans les expériences précédentes, nous n’avons pas réalisé d’analyse par items, jugeant le nombre d’items par catégorie trop faible.

Les résultats ont montré un effet principal du facteur « SOA », F(1, 54) = 6.40, p < 0.05. Les cibles sont plus rapidement traitées lorsqu’elles sont précédées d’amorces présentées 100 ms (394 ms), plutôt que 500 ms (425 ms).

Les résultats ont également indiqué un effet principal significatif du facteur « forme », F(1, 54) = 5.58, p < 0.05. Les sujets traitent plus rapidement les cibles lorsque les amorces font référence à des figures de mêmes formes que les figures cibles (407 ms) comparativement à la condition où elles font référence à des figures de formes différentes (411 ms).

De la même manière, les résultats ont montré un effet principal significatif du facteur « position », F(1, 54) = 10.95, p < 0.005. Les sujets traitent plus rapidement les cibles lorsqu’elles ont des positions identiques à celles des figures auxquelles les amorces font référence (406 ms) plutôt que des positions différentes (412 ms).

Enfin, une double interaction forme*position*SOA a été observée, F(1, 54) = 4.06, p < 0.05. Cette interaction est illustrée dans la figure 48. Comme le montre la figure, les performances semblent tout à fait aller dans le sens de nos hypothèses, à savoir des effets additifs des facteurs forme et position pour un SOA de 100 ms et une interaction pour un SOA de 500 ms. Afin de vérifier cela, nous avons réalisé des analyses de variance séparées pour chaque SOA.

Figure 48. Expérience 7 : double interaction « forme*position*SOA ».
Figure 48. Expérience 7 : double interaction « forme*position*SOA ».

Les analyses ont montré qu’avec un SOA de 100 ms, les latences sont significativement plus rapides lorsque la figure à laquelle l’amorce fait référence et la figure cible présentent une même forme (390 ms) plutôt que des formes différentes (397 ms), F(1, 27) = 11.29, p < 0.005.

De la même manière, les analyses montrent que les réponses sont plus rapides lorsque la figure à laquelle l’amorce fait référence et la figure cible ont des positions identiques (389 ms) plutôt que des positions différentes (398 ms), F(1, 27) = 11.73, p < 0.005.

Pour finir, aucune interaction significative n’a été obtenue entre les facteurs « forme » et « position ».

Ces résultats supportent notre hypothèse qui proposait que l’émergence d’une connaissance inclut une étape dans laquelle tous les composants sont activés et peuvent chacun s’exprimer de façon indépendante.

En revanche, avec un SOA de 500 ms, l’analyse des latences a révélé une interaction significative forme*position, F(1, 27) = 10.16, p < 0.005. Les comparaisons locales montrent que les réponses sont plus rapides lorsque tous les composants sont identiques comparativement aux conditions où un composant diffère. En effet, les résultats montrent une différence significative entre la condition où amorce et cible ont une même position et une même forme et la condition où elles ont une même position mais une forme différente, F(1, 27) = 6.7, p < 0.05. De la même façon, une différence significative est obtenue entre la condition où l’amorce et la cible ont une même position et une même forme et la condition où elles ont une même forme mais des positions différentes, F(1, 27) = 12.17 p < 0.005.

Ces résultats vont eux aussi dans le sens de nos hypothèses qui proposaient qu’avec un SOA « plus long », l’expression d’un composant dépend de l’expression des autres composants. La facilitation due à l’amorçage est obtenue uniquement lorsque l’amorce et la cible sont identiques et non lorsqu’elles partagent certains composants alors que d’autres diffèrent.

Enfin, il est à noter que les pourcentages de bonnes réponses se situent globalement au-dessus de 99%. Il ne nous a donc pas semblé pertinent d’effectuer des analyses plus avancées sur ces résultats.