Discussion Générale

L’ensemble des expériences que nous avons réalisées tout au long de ce travail de thèse s’est inscrit dans un cadre théorique particulier de la mémoire. À l’opposé des modèles traditionnels multi-systèmes, nous avons proposé une approche unitaire et fonctionnelle du système mnésique où les connaissances mentales résultent de différents patterns d’activation du système nerveux. Les observations actuelles montrent que ces patterns neuronaux ne sont pas localisés mais, au contraire, distribués sur l’ensemble du cerveau et qu’ils impliquent, entre autres, les aires primaires responsables de notre interaction avec l’environnement. Les connaissances même les plus conceptuelles, semblent donc posséder un caractère sensoriel et moteur. Par ailleurs, le fait que les mêmes régions cérébrales soient impliquées lors de la construction d’une représentation mentale stimulée par un percept, et lors de son évocation, nous a amené à supposer également des chevauchements au niveau des processus cognitifs mis en jeu. C’est à partir de ces considérations théoriques que nous avons proposé une problématique concernant le processus d’intégration et son rôle dans l’émergence des connaissances mentales. Décrit par les neurosciences comme un processus précoce et à la base de la perception cohérente d’une situation multisensorielle, ce processus d’intégration est selon nous, également responsable de la cohérence des représentations mentales.

Les expériences réalisées avaient donc pour objectifs de mettre en évidence l’existence d’un tel processus et de le distinguer des processus d’activation qui invariablement le précèdent. L’utilisation du paradigme d’amorçage à court terme nous a permis d’une part de tester le phénomène d’amorçage sensoriel aussi bien sur des connaissances sémantiques qu’épisodiques et d’autre part, de mettre en évidence des états distincts de l’émergence de ces connaissances.