Le problème de la représentation interne d’un point de vue empirique

Brentano (1874) défend que le « psychisme », « l’objet mental » est de l’ordre des « croyances », des « désirs » et de « l’intentionnalité ». L’intentionnalité n’est rien d’autre que l’acte de représenter et le problème de l’intentionnalité est le problème de la représentation.

‘« Récapitulons, pour conclure, les résultats de nos discussions relatives à la différence entre les phénomènes psychiques et physiques. Nous avons d’abord illustré par des exemples la particularité des deux classes. Nous avons ensuite défini les phénomènes psychiques comme des représentations ou des phénomènes reposant sur des représentations, tous les autres phénomènes étant des phénomènes physiques. … Nous avons ensuite trouvé, comme particularité distinctive de tous les phénomènes psychiques, l’inexistence intentionnelle, le rapport à quelque chose à titre d’objet. Aucun des phénomènes physiques ne présente rien de tel. » (Brentano, 1874, p. 110)’

Brentano (1874) explique que le mental s’exprime sur la conscience et

‘« qu’on considère quoi que ce soit qui apparaisse à la conscience, avec haine, amour ou indifférence ; qu’on l’accepte ou qu’on le rejette ou qu’on réserve entièrement son jugement, on ne peut mieux s’exprimer qu’en disant qu’on se représente cet objet. Dans le sens que nous donnons au mot représenter, être représenté est synonyme d’apparaître » (p. 95). ’

De notre point de vue, nous disons que :

Le problème de l’intentionnalité est le problème de l’émergence de représentations, de l’apparition de l’action de représenter.

Par rapport à l’ontologie, à la recherche de la substance de l’âme, Brentano pense qu’il s’agit d’une voie stérile, non scientifique et que le problème de l’intentionnalité doit être traité à un niveau scientifique. En se mettant en accord avec la thèse de Kant (1724-1804), par rapport à l’ontologie, même si les choses existent en soi, il n’y a pas moyen de les connaître en soi. Voyons le cas de la représentation :

‘« Celle-ci ne peut être définie par aucun moyen : or, pour définir ce que la représentation est, il serait nécessaire de le faire toujours par la médiation d’une autre représentation. » (Kant, Manuel de cours de Logique Générale, p. AK34)2

La Critique de la Raison Pure, publiée en 1781, décrit et délimite en détail les frontières des connaissances. En elles-mêmes, les représentations restent un mystère, néanmoins il est possible d’en fournir des modèles en adoptant une approche scientifique.

‘« … nous entendions par phénomènes psychiques les représentations, ainsi que tous le phénomènes qui reposent sur des représentations. … nous n’appelons pas représentation l’objet représenté, mais l’acte par lequel nous nous le représentons. » (Brentano, 1874, p. 93)’

D’un point de vue matérialiste, dynamique et émergentiste, nous pensons que la question clé concernant le mental et les représentations, est :

Comment l’émergence des représentations internes, de l’action de représenter, est-elle possible dans un monde qui suit les lois des sciences naturelles, de la physique, de la chimie, de la biologie et de l’informatique ?

Les réponses à cette question sont fondamentalement liées à la problématique du calculable et de la cognition, et de comment faire pour passer de l’un vers l’autre. C’est dans ce sens qu’Andler (1992) ouvre son introduction aux sciences cognitives, disant que les concepts principaux dans cet ensemble interdisciplinaire sont ceux de calcul et de représentation.

Notes
2.

“Esta não pode ser de modo algum definida: pois, para definir o que a representação é, seria preciso sempre fazê-lo mediante outra representação.” Kant, Manual dos Cursos de Lógica Geral, p. AK34.