1. L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE

Dans l’exégèse patristique, il est surprenant qu’on découvre le rôle important de la figure 93 . Mais la définition de la figure n’était pas encore très claire, elle est souvent comprise au sens allégorique en rapport avec la littérature grecque 94 . Henri De Lubac traite de cette question en distinguant « allégorie » et « typologie » 95 . Paul Beauchamp en parle sous le titre « Sens typique ou figuré » : « le principe de la typologie est susceptible d’être reconnu par la sémiotique et l’analyse narrative, attentives à la récurrence des schémas 96  ». Chez les Pères de l’Église, l’exégèse figurative s’enracine et va se développer avec des variations. Nous allons observer comment se fait le recours à ce mode d’interprétation.

Notes
93.

Jean Noël GUINOT, « L’exégèse figurative de la Bible chez les Pères de l’Église », Sémiotique et Bible 123, Septembre 2006, p.5-20.

94.

Jean Noël GUINOT, art. cit., p.6. L’auteur précise que les Pères de l’Église sont « les héritiers de l’exégèse rabbinique et de celle de Philon d’Alexandrie. Les figures dans la littérature grecque ne sont pas de même nature que les figures bibliques, les figures allégoriques sont essentiellement des exemples proposés à l’imitation de l’homme épris de vertu ou encore une explication philosophique du monde et de la destinée humaine – par exemple, les travaux d’Hercule ou les errances d’Ulysse –, elle ne sont à proprement parler la figure d’aucune réalité à venir. Cela tient sans doute à une conception du temps et de l’histoire différente dans le monde gréco-romain et dans le monde juif. »

95.

Henri DE LUBAC, « Typologie et Allégorisme », RSR 34, 1947, p.180-226 ; H. CROUSEL, « La distinction de la ‘typologie’ et de l’‘allégorie’ », Bulletin de Littérature Ecclésiastique 65, 1964, p.161-174.

96.

Paul BEAUCHAMP, Dictionnaire critique de théologie, Paris, PUF, 1998, p.1084.