Le disciple d’Irénée, Hippolyte de Rome (+236)suit la voie de son maître 109 . Il avait commenté l’Apocalypse, et de cet ouvrage, seuls des fragments sont parvenus jusqu’à nous 110 . Il est le commentaire le plus ancien qui ait été conservé sur l’Apocalypse. Nous pouvons suivre quelques traces dans d’autres livres, le commentaire de Daniel et la Dissertation sur l’Antéchrist, où il cite l’Apocalypse 111 .
Il n’est pas facile cependant de repérer les idées d’Hippolyte en s’appuyant sur ces citations fragmentées. P. Prigent note qu’Ap. 12 symbolise pour Hippolyte « le sort de l’Église jusqu’à la parousie et au règne de l’Antéchrist qui la précède 112 ». Th. Calmes remarque que, comme Irénée l’a fait, Hippolyte combine Ap. 13 et 17 avec Daniel 7. On peut voir au moins chez Hippolyte l’idée millénariste : le monde doit durer 6000 ans, une semaine de millénaires ; le Christ est né en l’an 5500 ; etc. C’est une donnée traditionnelle qui montre l’esprit de l’eschatologie biblique.
En effet, le millénarisme est parmi les doctrines judéo-chrétiennes celle qui a probablement suscité le plus de discussions à l’époque d’Hippolyte. On peut supposer qu’il existait une grande tendance visant à lire cette doctrine dans l’Apocalypse au moyen de catégories empruntées à l’apocalyptique juive.
Th. CALMES, op. cit., p.15.
P. PRIGENT et R. STEHLY, « Les fragments du De Apocalypsi d’Hippolyte », Theologische Zeitschrift 29, 1973, p.313-333 ; P. PRIGENT, « Hippolyte commentateur de l’Apocalypse », Theologische Zeitschrift28, 1972, p.391-412.
Th. CALMES, op. cit., p.15 ; Pierre PRIGENT, Apocalypse 12. Histoire de l’exégèse, J.C.B. Mohr (Paul Siebeck) Tübingen, 1959, p.3.
Pierre PRIGENT, ibid., p.4.