Cassiodore est le personnage important de son temps qui fut considéré comme littéraire et haut fonctionnaire du roi Théodoric. Il vécut entre 488 et 583 environ et rédigea ses Institutiones divinarum litterarum et Institutiones saecularium litterarum, à l'intention des membres de la communauté religieuse et intellectuelle qu'il avait fondée dans sa terre natale, à Vivarium en Calabre. La première partie introduit à l’étude de l’Ecriture sainte, la seconde théorise le système des sciences : les trois « arts libéraux » (grammaire, rhétorique et dialectique) et les quatre sciences principales (l’arithmétique, la musique, la géométrie et l’astronomie) 178 .
Sans doute est-ce à ce moment qu’il rédige ses Complexiones in Apocalypsym 179 . Lorsqu’il écrit une interprétation de l’Apocalypse, Cassiodore fait une référence explicite à Tyconius, mais il voit dans les deux témoins un seul et unique personnage qui est l’Antéchrist 180 . Pour Cassiodore, Ap. 12 parle d’une part de faits passés, l’ascension du Seigneur, d’autre part il prophétise le séjour au désert de sa mère qui n’est pas forcément identifiable à l’Église : Marie étant dans le passé une figure du sort futur de l’Église. Autrement dit, il la revoit dans le temps.
Cassiodore constitue une vaste bibliothèque et enjoint aux moines de copier et de traduire les auteurs païens comme les chrétiens (en particulier Origène), ouvrant ainsi la voie pour les monastères médiévaux 181 . Avec lui, nous pouvons donc repérer au moins deux choses : il ouvre la culture médiévale en faisant copier et traduire les écrits qui concernent finalement la lecture ; il essaie d’articuler la lecture biblique et la science contemporaine.
Olivier BOULNOIS, « L’Église, gardienne de la culture (Ve-VIIe siècle) », Histoire chrétienne de la littérature. L’Esprit des lettres de l’Antiquité à nos jours, (dir. Jean DUCHESNE)… p.219.
Pierre PRIGENT, Apocalypse 12. Histoire de l’exégèse, … p.24. L’auteur s’en rappelle du trouble produit dans les esprits par les conquêtes de l’Islam et la prédication des croisades.
P. Th. CALMES, op. cit., p.23.
Olivier BOULNOIS, « L’Église, gardienne de la culture (Ve-VIIe siècle) », … p.219 ; Hubertus R. DROBNER, Les Pères de l’Église. Sept siècles de littérature chrétienne, (Joseph FEISTHAUER trad., Revu, adapté et complété pour l’édition française par une équipe de spécialistes), Desclée MCMXCIX, 1999, p.522-523.