L’exégèse protestant passe d’Allemagne en Angleterre, tout en restant ce qu’en on fait les promoteurs de la Réforme, une guerre contre l’Église et la papauté.
John Foxe (Jean Fox, 1516-1587) était ecclésiaste et théologien britannique. À cause de son intérêt pour la doctrine naissante de Luther, il fut rejeté par l’Église anglicane qui fit de lui un martyr. Il voit dans Ap. 12 la description du sort de l’Église chrétienne des premiers siècles dont l’Église romaine n’est qu’une caricature et des persécutions qu’elle connaît jusqu’aux victoires de Constantin 238 . Le désert pour lui signifie l’état de dénuement dans lequel se trouve toujours l’Église, ce qui est vrai des Vaudois, des Anglais, des Luthériens mais sûrement pas de l’Église romaine 239 .
L’interprétation de John Foxe se poursuit avec John Napeir, Joseph Mede, James Durham et Isaac Newton 240 : Ap. 12 est interprété comme la situation de l’Église pendant les premiers siècles ; les six premiers sceaux figurent l’histoire de l’empire romain jusqu’à Dioclétien, période de grandeur, à laquelle correspond une période de décadence représentée par la série des trompettes. Foxe en conclue que les chrétiens fidèles doivent se séparer de l’Église romaine.
Il s’agit de l’exégèse historico-prophétique. David Paraeus distingue alors deux parties dans Ap. 12 : les versets 1 à 5 racontent les événements du christianisme primitif et de la sainte famille, dans les versets 7 à 17 sont prophétisés les changements de l’Église pendant les siècles suivants 241 . J. Cluverus poursuit aussi une exégèse historique : pour lui, ce n’est pas la Vierge qui enfante l’enfant, mais l’Église qui enfante spirituellement Jésus-Christ en le formant dans l’âme des hommes et qui traverse les souffrances de la persécution jusqu’à Constantin 242 .
L’interprétation historique est utilisée souvent pour justifier la position morale privilégiée. J. Gerhard précise l’enfantement de la femme : c’est l’enfantement de l’Église qui a lieu sous Constantin lors du concile de Nicée, son fils c’est la profession publique et ouverte de Jésus-Christ dans l’univers romain ; l’ennemi du fils devient à ce moment l’arianisme ; dans cette perspective, la victoire est celle de l’orthodoxie 243 .
J. Koch (J. Coccejus) reprend la théorie de la récapitulation. Dans la série septénaire il retrouve l’histoire de l’Église symbolisée successivement par les sept lettres, les sept sceaux, les sept trompettes et les sept coupes : cette histoire comprend la prédication de l’évangile, la destruction du Judaïsme, les hérésies depuis Arius jusqu’à Mahomet, la période de troubles intérieurs suscités par la papauté, la séparation déterminée par la Réforme, la guerre de Trente ans 244 .
P. PRIGENT, ibid., p.59.
Ibid., p.59.
Ibid., p.60 ; Th. CALMES, op. cit., p.32-33.
P. PRIGENT, ibid., p.61.
Ibid., p.63.
Ibid., p.63.
Ibid., p.65-66 ; Th. CALMES, op. cit., p.33.