4.1.1. M.-J. Lagrange et l’École biblique

Le pionnier de ce renouveau fut Marie-Joseph Lagrange (1855-1938) fondateur en 1890 de l’École biblique de Jérusalem 281 , en 1892 de la Revue biblique, en 1900 de la collection Études bibliques. Déjà, en 1886, jeune professeur à Toulouse, il avait adhéré à l’encyclique Providentissimus Deus du pape Léon XIII invitant à chercher la solution des difficultés soulevées par l’analyse rationaliste de la Bible par une exégèse à la fois traditionnelle et progressive.

Dès 1897, au congrès catholique de Fribourg, il s’attacha à montrer que la théorie documentaire concernant le Pentateuque pouvait être séparée des présupposées rationalistes auxquels elle était traditionnellement considérée comme liée dans les cercles catholiques. Dans ses conférences (1902), publiées en 1903, sur la méthode historique surtout dans les ouvrages de l’Ancien Testament, il défendit le principe de l’évolution des doctrines à travers l’Ancien Testament ainsi que la nécessité de bien définir le genre littéraire d’un ouvrage biblique avant d’en évaluer l’historicité. Sa méthode scientifique répugnait certains, mais il travaillait malgré tout à la lumière de la foi et avec une grande rigueur scientifique.

Nous n’avons aucune trace de Lagrange sur l’Apocalypse, mais son mérite est incontestable pour l’exégèse scientifique. Citons-le :

‘De plus, si l’on observe qu’il n’y a pas une branche de la science qui ne puisse apporter son concours à la pleine intelligence des saints Écritures ; que la Bible, pour être interprétée dans toutes ses parties, doit faire appel à la théologie et à la philosophie, aux sciences naturelles, à la philologie, à la géographie, à l’histoire et à l’archéologie avec leurs subsidiaires, voire même à la médecine et à la jurisprudence, quel magnifique hommage rendu à la parole de Dieu qu’une Société comptant parmi ses membres des hommes versés dans chacune de ces sciences, en mettant en commun leur talent et leurs veilles pour éclaircir et défendre les livres saints ! 282  ’

Notes
281.

Fondée sous le nom d’École pratique d’études bibliques, l’École prit son nom actuel École biblique et archéologique française (EBAF), à la suite de sa reconnaissance comme école archéologique nationale française par l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Depuis sa création, l’École mène de front, et de manière complémentaire, des recherches archéologiques en Israël et dans les territoires et de la linguistique sémitique, de l’assyriologie, de l’égyptologie, mais aussi en histoire ancienne, en géographie ou en ethnographie.

282.

Albert LAGRANGE, « Chrétiens de tous les temps », Le Père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels, Paris, Cerf, Chrétiens de tous les temps 22, 1967, p.310.