Dans le cadre de l’École biblique de Jérusalem, E. Bernard Allo publia son ouvrage sur l’Apocalypse en 1921. Douze ans plus tard, il fait un résumé des commentaires contemporains dans sa troisième édition :
‘Plusieurs de ces commentaires sont remarquables à divers titres : ils marquent dans l’ensemble un progrès notoire sur l’exégèse des temps d’avant-guerre. Ainsi l’unité, au moins substantielle, de la prophétie johannique devient très généralement admise ; on voit croître aussi le nombre, en dehors des catholiques, de ceux qui lui reconnaissent le même auteur qu’au IVe Évangile, bien que les non-orthodoxes n’osent encore admettre que ce soit Jean l’Apôtre. La date traditionnelle (fin du règne de Domitien) finit aussi par s’imposer. Mais de nouveaux aperçus ou théories sur le caractère de l’œuvre sont mis en avant, qui exigent un examen attentif 283 .’Il s’agit de toute façon de l’exégèse des temps d’avant-guerre. Voulant prendre de la distance par rapport aux systèmes de l’histoire des traditions et des religions, Allo mérite cependant leur effort dans ses origines matérielles et historiques 284 . Il s’attache non seulement aux sources et aux traditions, mais aussi à la langue de l’Apocalypse : vocabulaire, grammaire, style.
Il admet d’abord les « systèmes orthodoxes » : l’Apocalypse représente les dernières phases de la lutte du Bien contre le Mal, en aboutissant au triomphe éternel du Christ et de l’Église ; elle est essentiellement eschatologique ; elle est une philosophie de l’histoire religieuse ; il ne faut pas négliger la théorie de la récapitulation.
Mais il considère spécialement qu’il y a entre Ap. 11 et 12 la séparation de deux sections prophétiques, un parallélisme très marqué dans la forme (visions préparatoires : sceaux ; anges annonciateurs ; sept trompettes, sept coupes) 285 . Si dans la première, les événements sont déjà prophétisés d’une manière plus générale et plus schématique, dans la deuxième, il s’agit des événements de l’avenir par rapport à l’ensemble du monde, par rapport à l’Église. Ce ne sont pas les mêmes événements.
Dans la même école qu’Allo, nous pouvons noter L’Apocalypse devant la tradition et devant la critique de Th. Calmes en 1905. Celui-ci tente de voir comment le rôle « symbolique » du dragon (Ap. 12) et de la bête (Ap. 13 et 17) se rattache aux traditions cosmogoniques de l’Orient 286 .
E.-B. ALLO, op. cit., p.VII.
Ibid., p.CCLXXIV.
Ibid., p.CCLXXIV.
Th. CALMES, op. cit., spécialement p.52-62.