Longtemps professeur et directeur de l’École biblique de Jérusalem et éditeur de la Revue biblique, Roland De Vaux (1903-1971) joua un rôle de premier plan, de 1949 à 1956, pour les fouilles du site de Qumrân et ses environs au bord de la Mer Morte, pour le déchiffrement de ses manuscrits. Il dirigea aussi la publication de la Bible de Jérusalem dont il écrivit les introductions vétérotestamentaires.
L’influence des découvertes de Qumrân n’est pas négligeable pour le Nouveau Testament : « L’étude de ces textes lève un peu le voile sur la période encore mal connue du monde juif au seuil de l’ère chrétienne et constitue de ce fait une découverte inestimable… bien qu’aucun texte néotestamentaire ne mentionne un passage de Jean-Baptiste à Qumrân ou une rencontre entre Jésus et les Esséniens, les affinités entre les documents sont telles qu’il faut envisager une influence des écrits de Qumrân sur le Nouveau Testament 287 ».
Certains de ces documents sont des copies de livres bibliques, d’autres des commentaires, d’autres des prières, des textes de nature apocalyptique. La communauté de Qumrân va jusqu’en 68, les ouvrages apocalyptiques sont en effet peu nombreux à Qumrân 288 ; il n’y a que 9 fragments et 6 passages du N.T. dans la grotte 7Q5 (où on a découvert des manuscrits grecs). À partir des autres fragments, les archéologues 289 établissent les perspectives eschatologiques de Qumrân : 1) la guerre entre les fils de la lumière et les fils des ténèbres (1QM ; 4Q497) ; 2) le double messianisme, réaliste et utopiste (1QS9 ; 1QS928 ; 11Q13) ; 3) la résurrection des morts.
Ces perspectives de Qumrân ne sont pas directement applicables à l’interprétation de l’Apocalypse, mais elles permettent de voir une influence sur l’eschatologie de l’Apocalypse dans son temps. Il s’agit en quelques sortes du retour aux sources documentaires de la foi chrétienne. Jean Pouilly souligne qu’ « il faut s’en prémunir par un souci rigoureux de n’expliquer les textes de Qumrân que par les sources antérieures ou contemporaines ; ils garderont alors la vraie physionomie d’une secte intégralement juive, contaminée de syncrétisme, mais à l’instar de tout le judaïsme contemporain, préoccupé de la crise eschatologique prochaine, mais s’y préparant par un retour délibéré vers le passé du peuple élu 290 ».
Jean POUILLY, Les manuscrits de la mer Morte et la communauté de Qumrân, Paris, Cerf, Supplément au cahier Evangile 28, 1979, p.75.
Nous consultons le cours « Qumrân et les manuscrits de la Mer Morte », donné par Pierre Martin DE VIVIER au premier semestre 2006/2007 à la faculté de théologie, l’université catholique de Lyon.
Notamment Carmignac, Van Der Ploeg, Yadin, Starky, Collins et Puech.
Jean POUILLY, op. cit., p.75.