L’intérêt autour de l’interprétation de la Bible est permanent depuis toujours, comme si elle était écrite pour être interprétée. Mais la Bible elle-même atteste qu’elle n’est pas facile à interpréter : en lisant certains oracles de Jérémie, Daniel s’interroge sérieusement sur leur sens (Dn 9, 2) ; en lisant un passage du livre d’Isaïe (Is 53, 7-8), un Éthiopien avoue qu’il n’arrive pas à comprendre sans l’aide de l’interprétation (Ac 8, 30-35) 335 .
La question de l’interprétation ne se pose pas seulement pour la Bible, elle vaut aussi pour de nombreux autres domaines : philosophie, sciences humaines, sciences sociale et linguistique dont les méthodes ont été mises au point également pour l’étude des textes bibliques. Une telle collaboration n’est pas une invention moderne. Jadis, Augustin a conseillé d’utiliser les sciences contemporaines pour l’interprétation des « signes propres » ou « signes figurés » de la Bible 336 . L’Église catholique déclare aussi qu’il faut l’interpréter à l’aide des genres littéraires employés à l’époque contemporaine 337 .
Pour l’interprétation de la Bible, il existe donc non seulement la méthode classique, « historico-critique », qui est pratiquée couramment en exégèse, mais aussi les autres méthodes scientifiques. Cette richesse de méthodes et d’approches est appréciée par les uns, mais par d’autres elle est considérée comme un « conflit » d’interprétation. Avant de lancer notre propre recherche, il ne serait pas inutile d’examiner brièvement ces méthodes et approches diverses de l’interprétation 338 .
Commission biblique pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise. Allocution de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II et document de la Commission Biblique Pontificale, (19942), Paris, Cerf, 1999, p.23.
Œuvres de Saint Augustin 11/2, La doctrine chrétienne (De doctrina christiana), Texte critique du CCL, (revu et corrigé de Madeleine MOREAU), Paris, Institut d’Études Augustiniennes, 1997, p.157.
Constitution dogmatique Dei Verbum, II, 12.
Pour la grande partie de cette section, nous consulterons Commission biblique pontificale, « Méthodes et approches pour l’interprétation », L’interprétation de la Bible dans l’Eglise… p.28-64.