3.1. De l’énoncé à l’énonciation

La rencontre de la sémiotique et des études bibliques date de 1969 356 . À Chantilly, se tint le congrès de l’ACFEB sur les méthodes en exégèse. Les « analyses structurales » (comme on disait alors) donnaient une ouverture pour certains qui avaient un souci de réflexion sur les méthodes et prenaient conscience ; d’autres commençaient à se rendre compte du décalage entre la méthode historico-critique traditionnelle de la Bible et le développement linguistique et littéraire.

A la suite du congrès de Chantilly, des groupes de biblistes se sont constitués (à Lyon et à Paris en particulier, mais aussi à Toulouse, Metz…) et à l’École des Hautes Études, un atelier biblique est constitué dans le Séminaire de Greimas. De fait, dans le domaine biblique, c’était plutôt la sémiotique de Greimas qui faisait référence, et à partir de laquelle des évolutions qui ont eu lieu 357 . La sémiotique de l’énoncé de Greimas est conduite vers une sémiotique pratique de l’énonciation.

Notes
356.

Pour l’histoire de la sémiotique biblique, nous nous appuierons sur Jean DELORME, « La sémiotique littéraire interrogée par la Bible », Sémiotique et Bible, n°102, Juin 2001, Lyon, Cadir ; Louis PANIER, « La sémiotique et les études bibliques », Questions de sémiotique, (dir. Anne HÉNAULT avec la collaboration de David SAVAN, Drude VON DER FEHR, Jean-Claude PARIENTE), Paris, PUF, 2002, p.361-387 ; « Approche sémiotique de la Bible. De la description structurale des textes à l’acte de lecture », communication à Dijon, 2000 ; « Du texte biblique à l’énonciation littéraire et à son sujet », La Bible en littérature … p.313-326. Sur la lecture sémiotique de la Bible, on pourra également consulter J. DELORME et P. GEOLTRAIN, « Le discours religieux », Sémiotique. L’école de Paris (éd. J.C. COQUET), Paris, Hachette, 1982, p.103-126 ; J. DELORME, « Incidences des sciences du langage sur l’exégèse et la théologie »…p.299-311 ; J.-C. GIROUD et L. PANIER, « Sémiotique du discours religieux », Revue des Sciences Humaines, n°20, Université de Lille III, p. 119-128 ; J. DELORME, « Sémiotique », Dictionnaire de la Bible-Supplément, Paris, Letouzey & Ané, 1992, col. 282-333.

357.

À Lyon, depuis 1971, un groupe de recherche sur la Bible, créé par Jean Delorme et Jean Calloud s’initiait à la méthodologie de l’analyse structurale. En 1975 parut à Lyon le premier numéro de la revue Sémiotique et Bible et fut créé au sein de la Faculté de Théologie le Centre pour l’Analyse du discours Religieux (CADIR). Aux États Unis, la revue Semeia , et en Allemagne Linguistica Biblica diffusaient également des recherches en sémiotiques appliquées au domaine biblique et théologique. Il y eut des sessions organisées, des rencontres, et la constitution de groupes de recherche en France et à l’étranger : Etats-Unis (Nashville), Pays-Bas (Tilburg – Bible et Liturgie), Québec, Corée du sud…