Quand nous parlons de la sémiotique biblique, elle est avant tout une pratique de lecture et d’interprétation. Mais, il existe tendance de parler trop souvent des méthodes de façon mécanique avec lesquelles on obtiendra un résultat plus totalisant, si bien qu’on oublie le lecteur.
Pour le « lecteur devenant sujet 370 », la lecture est un voyage, une traversée, un désir d’aller plus loin. Et l’interprétation est une lecture, un itinéraire « parmi une infinité de tracés possibles 371 ». Le lecteur ou l’interprète doit construire la cohérence du discours qui relève d’un parcours dynamique de la signification. Il faut donc retenir l’idée d’un projet de lecture, d’un parcours interprétatif.
Lire l’Apocalypse en sémiotique, c’est pour nous parcourir lentement le texte de l’Apocalypse, proposer un modèle figuratif dont ce texte est la manifestation d’une signification immanente. Nous y sommes engagés pour faire acte de langage. L’interprétation de l’Apocalypse dont il est question n’est pas un jugement porté ou une valeur déclarée sur les données du texte, mais elle est un travail où un lecteur s’actualise comme sujet. En tant que lecteurs, nous sommes les sujets risqués de l’interprétation. Nous allons nous découvrir, nous dévoiler dans la lecture. Parce que, dans la pratique de la sémiotique, l’Apocalypse devient le lieu où le sujet se trouve lui-même interprété.
Ainsi, la lecture sémiotique de la Bible ouvre à la question humaine du sujet. Elle oriente un projet théologique dans la trace de la révélation de Dieu. La Bible déploie une structure de l’humain où la révélation de Dieu traverse toujours l’humain. Si la révélation de Dieu est le don de Dieu aux hommes, le statut du sujet humain est le lieu où le don de Dieu est à interpréter plus qu’à savoir. C’est pourquoi « la Bible est une écriture à lire plus qu’un texte à étudier 372 ». Nous sommes maintenant pour ce travail du sujet.
Jean-Marie CARRIÈRE, « De l’un à l’autre Testament : conduire l’acte de lecture au seuil de l’accomplissement », L’unité de l’un et l’autre Testament dans l’œuvre de Paul Beauchamp, Actes du colloque Paris 2004, éditions facultés jésuites de Paris, 2005, p.88.
Nous reprenons Pierre-Marie BEAUDE, « Lecteur responsable », L’unité de l’un et l’autre Testament dans l’œuvre de Paul Beauchamp, Actes du colloque Paris 2004… p.197.
Louis PANIER, art. cit., p.216 ; voir également Jean CALLOUD, « Le texte à lire », Le Temps de la Lecture, Paris, Cerf, 1993, p.31-63.