2.2.2. Une guerre terrestre (v.17)

Le Dragon et la descendance de la Femme

‘v.17 : Et le Dragon se mit en colère contre la Femme, et il s’en alla faire la guerre avec les autres de sa semence, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus.’

Le Dragon n’a pas réussi de sorte qu’il se met en colère. Mais ce n’est plus la Femme avec laquelle le Dragon va faire la guerre, mais « les autres de sa semence ». Une guerre va se déployer alors sur la terre désormais entre le Dragon et sa descendance.

Nous pouvons noter une règle générale du Dragon : malgré sa défaite, le Dragon ne cesse pas de tourner son hostilité vers un autre objet : menacer de dévorer l’enfant de la Femme, vouloir annuler sa vie donnée faire la guerre avec Mikaël et ses anges  vouloir noyer la Femme  faire la guerre avec les autres de la semence de la Femme. Une telle règle vient d’un principe : troubler le projet de Dieu pour l’humanité. Plus précisément, le dragon s’attaque à la vie naissante dans la génération. On pourrait dire que la guerre du Dragon contre l’humanité sera permanente de génération en génération : elle est toujours présupposée dans la vie humaine.

Que veut dire « les autres de sa semence (    ) »? C’est un nouvel acteur au pluriel qui est menacé par la guerre du Dragon. Il y a là des croisements d’isotopies complexes.

D’abord, c’est une question de l’articulation entre deux parcours figuratifs : celui de la semence et celui du guerrier. « Les autres de sa semence » n’indiquent pas toutes les générations, mais une partie de la génération (semence). Si l’enfant né (v. 5) peut être catégorisé comme l’un parmi eux, ils sont les autres enfants qui vont naître. Ils sont cependant différents de l’enfant né, parce que par rapport à cet enfant enlevé après sa naissance ils vont se situer dans la guerre contre le Dragon.

Or, le texte ne dit pas qu’ils combattent contre le Dragon. Ils sont définis seulement comme ceux « qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus ». Il ne s’agit pas du charnel, mais de ce qui concerne le croire. L’opération demandée à la génération (semence) est délimitée par les isotopies (garder les commandements de Dieu, avoir le témoignage de Jésus) du croire, qui semble être la compétence requise de la performance virtuelle de la génération, parce qu’il y a toujours la référence céleste dans laquelle l’entreprise du Dragon sera vaine.

La génération est ainsi liée à « nos frères » issue d’une voix (v. 10) : ceux qui montrent le renoncement d’eux-mêmes jusqu’à obéir à la volonté de Dieu non pas à leur volonté propre, ils pourront donc vaincre le Dragon comme ils l’ont déjà vaincu. Ce sont ceux dont la déclaration précédente proclamait la victoire céleste : « eux-mêmes l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage » (v.11). Ce n’est pas seulement une invitation à garder dans la vie les commandements de Dieu, mais à rendre dans le corps le témoignage de Jésus.Autrement dit, c’est un appel à la fidélité aux commandements de Dieu et à la corporéité en soi du témoignage de Jésus.

D’où la Béatitude de l’Apocalypse  : « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de cette prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit » (1, 3).  C’est une invitation à être témoin, à être sujet de la parole de vérité. Il y a donc l’exaltation de la Béatitude à ceux qui résident en Dieu : « soyez en joie, les cieux, et ceux-qui-ont-(leur)-tente en eux » (12, 12). C’est une invitation au sujet lecteur énonciataire que donne l’ensemble de Ap. 12 à partir des scènes de la vision et de la parole.