2.2.3. Le Dragon sur le sable de la mer (v.18)

‘v.18 : Et il se mit debout sur le sable de la mer.’

C’est une nouvelle position du Dragon qui est distincte de ses autres positions d’agir comme dévorer, faire la guerre, poursuivre, jeter de l’eau, se mettre en colère. Il s’agit d’une expansion figurative du Dragon. 

Le Dragon est debout : il est en préparation ou bien il est en recherche d’un autre objet. Or, le récit introduit ainsi le parcours du Dragon imitateur. Étant debout, il imite la position de « l’Agneau debout comme égorgé» (5, 6). Il n’est pas l’Agneau, c’est donc une tromperie qui conduit l’anti-programme de l’Agneau : si l’Agneau appelle la volonté humaine pour répondre au projet de Dieu, le Dragon s’attaque au projet de Dieu.

Spatialement, le Dragon imitateur se tient sur le sable de la mer, c’est-à-dire, à l’endroit qui lie la mer et la terre, ou bien à la frontière de la mer et de la terre, entre le liquide et le sec. C’est un déplacement du Dragon : jeté du ciel sur la terre, il va cette fois près de la mer. C’est pourquoi, la voix a proclamé le malheur à la mer aussi qu’à la terre (v. 12).

Cette scène finale du récit de la guerre anticipe en effet l’apparition de deux Bêtes qui sortent de la terre et de la mer en Ap. 13, puisqu’elles se manifestent en tant que deux déléguées du Dragon : celui-ci leur confie son pouvoir d’agir pour blasphémer contre Dieu et pour faire des prodiges. Ces deux Bête représentent une ressemblance à l’Agneau : la première a sept têtes dont l’une était égorgée, mais sa plaie est guérie ; la deuxième ressemble plus à l’Agneau, mais elle parle comme un Dragon. Le discours proclame enfin dans l’énonciation : « Que celui qui a des oreilles entende … » (13, 9) ; « celui qui a de l’intelligence, qu’il interprète le chiffre de la bête » (13, 18). Il s’agit du problème du discernement dont nous pouvons voir tout au long de l’Apocalypse.