A. Du récit au discours

Dans le récit de Ap. 12, deux grands signes à voir et une grande voix à entendre, ils sont dans le ciel. C’est en effet le « je » dans la voix qui les articule et sépare à la fois : il y a une correspondance entre la spatialité (expulsion du ciel) et la signification (défaite dans le ciel), mais un écart figuratif pour faire apparaître la mise en discours elle-même (salut, victoire). On passe alors du récit au discours.

Dans la voix, il y a une histoire d’accusation, dont l’acteur (le Dragon) est jeté, et une histoire de victoire, dont l’agent est défini par deux acteurs (l’Agneau et des témoins). Grâce à la figure du sang de l’Agneau et à celle de la parole du témoignage, on peut trouver une position des sujets vainqueurs (ceux qui ne pas aiment leur âme jusqu’à la mort). Ce qui ouvre une place vide, c’est l’état figural. À partir d’une perte du sens initial, le sujet d’énonciation surgit. Le texte de Ap. 12 met en scène ainsi la reconnaissance de la parole comme lieu de passage signifiant pour le sujet d’énonciation.

L’émergence du sujet d’énonciation se trouve du côté de l’instance de réception, comme effet du discours. Le récit de Ap. 12 propose ainsi un modèle d’interprétation. Les signes de la Femme et du Dragon sont les modèles figuratifs à interpréter. La mise en discours nous conduit au-delà, ou en deçà de ce récit narratif. Le lecteur est donc placé dans la position d’un sujet énonciataire devant le texte à lire.