CHAPITRE II. : VERS UNE SÉMIOTIQUE DISCURSIVE

Venons-en maintenant de nouveau aux évolutions de la sémiotique : si la Bible est mise à l’épreuve de la sémiotique, la sémiotique est-elle aussi trouvée mise à l’épreuve de la Bible ? Dans le champ des études bibliques, il s’agit de renouveler la lecture et l’interprétation. Dans la sémiotique comme discipline spécialisée, il ne s’agit pas d’établir une nouvelle théorie, mais d’exploiter certains aspects nouveaux en fonction de la particularité des textes bibliques.

La sémiotique biblique se situe dans le prolongement des travaux de Saussure, Hjelmslev et Greimas. Elle s’oriente cependant d’une sémiotique narrative vers une sémiotique discursive ou une sémiotique de l’énonciation. Les évolutions de la sémiotique ont eu 
lieu dans le travail sur la Bible ainsi que dans la sémiotique littéraire. Nous reprenons ici les termes de L. Panier :

‘Les études bibliques en sémiotique ont accompagné l’évolution de la recherche lancée par Greimas. Elles y ont apporté leurs propres questions et ont été caractérisées par une assimilation de la sémiotique narrative et par une insistance de plus en plus marquée de la réflexion sur la composante figurative et la question de l’énonciation. Les recherches sur la Bible ont appliqué les postulats fondamentaux de la sémiotique : différence, immanence et générativité. Ils ont pu donner forme à une pratique de l’analyse des textes, mais ils ont été modifiés par la pratique même de la lecture 488 .’

La sémiotique a tenté d’appliquer sa théorie et sa méthodologie à la Bible, mais elle a été exploitée par la Bible.Depuis plus de trente ans de rencontre marquante entre la sémiotique et la Bible, la sémiotique biblique se définit ainsi peu à peu comme un champ spécifique.

Dans les pages qui suivent, nous noterons d’abord les apports de la sémiotique narrative aux évolutions de la sémiotique. Nous développerons enfin les questions actuelles de la sémiotique. Nous en avons dit quelques mots à la fin de notre première partie, mais il est temps d’y revenir plus longuement.

Notes
488.

Louis PANIER, « La sémiotique et les études bibliques », Questions de sémiotique… p.363, qui nous renvoie sur les contributions de A.J. GREIMAS dans Groupe d’Entrevernes, Signes et Paraboles. Sémiotique et Texte évangélique, Paris, Seuil, 1977 et CADIR, Le temps de la lecture. Exégèse biblique et sémiotique, (dir. L. Panier), Paris, Cerf, 1993.