5.2. Une théorie évolutionniste de la croissance des firmes

L’intérêt de Penrose pour l’article d’Alchian n’était pas uniquement motivé par une réaction négative vis-à-vis de l’analogie biologique. En effet, Penrose débutait alors sa propre investigation d’une théorie originale de la firme, et la conception de la firme développée dans l’article d’Alchian se situait à l’opposé de celle qu’elle se proposait de défendre. Penrose publia ses premiers résultats dans l’American Economic Review en 1955, puis sous la forme d’un ouvrage et d’une étude de cas en 1959 (cette dernière reçut le prix du meilleur article de l’année dans Business History). The Theory of the Growth of the Firm est identifié aujourd’hui comme un jalon fondamental à l’approche dite « ressource‑based » des théories managériales de la firme (Wernerfelt, 1984 ; Mahoney et Pandian, 1992) 193 . Paradoxalement, la perspective penrosienne de la firme est aujourd’hui rapprochée d’auteurs comme Veblen (Foss, 1998, 1999) et Schumpeter (Foss, 1999 ; Goshal, Hahn et Moran, 1999 ; Teece, Pisano et Shuen, 2000), Foss notant que la théorie penrosienne de la firme « est tout à fait cohérente avec l’économie évolutionnaire », (Foss, 1998, p. 483n). Ce point mérite d’être explicité : Penrose critiquait‑elle, ou participait‑elle, au rapprochement de l’économie et de la biologie ?

Notes
193.

La théorie de la firme de Penrose a fait l’objet de numéros spéciaux des revues Economies et Sociétés (P.E. n° 29, 1999) et Constitutional Economy (volume 18, 1999).