Une théorie de l’évolution par sélection naturelle d’une population d’entités données nécessite la réunion de trois principes (Campbell, 1969 ; Lewontin, 1970). Il doit y avoir une présence de variations parmi les caractéristiques des entités, pour qu’il y ait une base sur laquelle une sélection puisse effectivement s’exercer. Dans différents environnements, ces variations doivent se traduire par des capacités de survie différentes, ou des capacités différentes à laisser des descendants. Ce deuxième principe est la sélection proprement dite : les variations entre entités se traduisent par des taux de survie différents, qui sont interprétés comme une mesure de l’adaptation de l’entité à son environnement. Enfin, il doit y avoir un mécanisme héréditaire qui garantisse une corrélation entre les caractéristiques de générations successives – pour qu’il y ait une continuité évolutive. Si une entité parente était bien adaptée à son environnement, un mécanisme héréditaire doit conférer à sa descendance une capacité similaire d’adaptation (à environnement identique), sans quoi les effets sélectifs de la première génération sont perdus à la suivante. Si ces trois principes sont respectés, « une population connaîtra un changement évolutif » (Lewontin, 1970, p. 1). Ces principes étaient acceptés par Nelson et Winter mais avec des amendements importants, faisant de leur théorie un évolutionnisme distinctement social 233 .
Pour des définitions de l’évolution variant légèrement de celle‑ci, voir Ernst Mayr (1982) en biologie, et Stanley Metcalfe (2001) en économie. Niman (1994) examine les difficultés posées par une analogie biologie stricte entre théorie évolutionnaire en biologie et en économie.