La troisième génération : la navigation moderne.

Rissoan (1995) souligne la contribution du capitaine G. Wessels à la navigation fluvio-maritime moderne. En 1973, le capitaine allemand G. Wessels introduit une innovation qui permet au fluvio-maritime de vivre avec son temps. Il conçoit les fluvio-maritimes avec une cale box shaped. La cale est parfaitement rectangulaire et ne présente aucune irrégularité (cf. annexes 1 et 2, représentation d’une cale fluvio-maritime). L’ouverture des écoutilles a la même surface que le fond (plancher) de la cale. Cette large ouverture facilite les manutentions, la perte de place est minimisée. La cale s’adapte ainsi à tout type de marchandises : du conteneur au vrac en passant par des colis lourds et indivisibles. Certains navires sont même équipés d’une cloison verticale mobile permettant de compartimenter la cale en plusieurs volumes distincts.

Les navires fluvio-maritimes sont des navires hybrides, à la fois fluviaux et maritimes. Tout en étant proches des caboteurs maritimes et des automoteurs fluviaux ils s’en distinguent. D’allure générale, ils ressemblent à des automoteurs : longs effilés et relativement bas. Leur dimension est conditionnée par l’infrastructure fluviale : longueur, largeur des sas d’écluses, tirant d’eau et tirant d’air des voies navigables. La largeur des sas d’écluse limite la longueur des navires fluvio-maritimes. En effet, il est nécessaire de respecter un certain rapport entre longueur et largeur au risque de fragiliser la structure du navire, plus particulièrement sur le segment maritime. La houle peut engendrer des torsions de structure jusqu’à rupture si le navire est trop long. Afin de s’adapter aux contraintes de la navigation fluviale les formes des fluvio-maritimes sont moins marquées que celles des navires de mer. Ainsi la quille est quasi inexistante. Ceci accentue parfois le phénomène de roulis en mer, mais limite l’enfoncement sur le fleuve.

Ils se différencient des unités fluviales par une surélévation de la proue permettant d’affronter les paquets de mer. La présence d’un bulbe d’étrave les assimilent à des navires de mer (réduction de la résistance aux flots). Certains sont même équipés de propulseurs d’étrave pour une plus grande manœuvrabilité lors de l’entrée ou sortie des écluses, ainsi que durant les phases d’accostage. Durant le parcours fluvial, il est possible d’abaisser la timonerie et d’escamoter les mâts. De Nombreuses unités sont équipées de ballasts leur permettant de s’accommoder d’un mouillage et d’une hauteur libre sous ouvrage limités.

Les innovations apportées par le capitaine G. Wessels ont propulsé les navires fluvio-maritimes dans une ère moderne. Désormais, en plus du conventionnel et des colis lourds, les navires fluvio-maritimes sont capables d’opérer sur des lignes conteneurisées.