B.4.a) Les coûts fixes journaliers, modalités de calcul.

Le time charter est un forfait journalier qui englobe l’ensemble des coûts fixes :

  • Coûts fixes en capital : amortissement financier et technique du navire. Le calcul des coûts fixes en capital est réalisé à partir des hypothèses suivantes :
    • Acquisition d’un navire fluvio-maritime d’une dizaine d’années sur le marché d’occasion. Le choix d’une unité d’occasion s’explique d’une part par l’absence de construction de navires neufs. D’autre part, l’acquisition d’un navire d’une vingtaine d’années fait courir des risques techniques importants. Les coûts d’entretien et de réparation deviennent exponentiels. Par ailleurs, l’amortissement du navire, en raison de son âge avancé (proche de sa fin de vie), s’effectue sur une période très courte. La durée de vie d’un navire est supérieure à 20 ans. L’âge moyen de la flotte mondiale des vraquiers en 2004 était de 13 ans (CNUCED 2006).
    • Le financement d’une unité fluvio-maritime s’effectue à hauteur de 60% par fonds propres, les 40% restants sont financés par un emprunt bancaire. La rémunération des fonds propres est à hauteur de 10%. Quant au taux d’intérêt, nous retenons un taux de 5%.
    • La durée d’amortissement couvre une dizaine d’année, de sorte que le navire soit complètement amorti lorsqu’il atteint sa fin de « carrière ».
    • Le financement, quelle que soit l’origine des fonds : emprunt ou fonds propres, s’effectue par annuité constante.
  • Les frais de personnels.
  • Les assurances : les garanties P&I24, assurance corps de navire25, assurance facultés26.
  • Les provisions   : à intervalle régulier les unités maritimes subissent un contrôle technique en vue du renouvellement de la classification du navire. La visite en cale sèche qui en découle est souvent l’occasion de réaliser de grosses réparations que l’entretien courant ne permet pas : réparation de coque, changement de moteur… Il est d’usage de lisser ces dépenses lourdes en procédant à des provisions annuelles.
  • L’entretien : tout ce qui est nécessaire à l’entretien courant du navire, consommables (huiles, pièces détachées…).
  • Les frais de gestion : ce poste comprend les frais de structure administrative et organisationnelle de l’entreprise de transport fluvio-maritime. Ils varient entre 10 et 15% des coûts fixes des unités de transport.

Les charges fixes sont définies annuellement. En divisant ce chiffre par le nombre de jours d’exploitation, nous sommes en mesure de déterminer le coût fixe journalier d’armement d’un navire fluvio-maritime ou d’une unité fluviale.

Le nombre de jours d’exploitation dans l’année correspond au nombre de journées effectives pendant lesquelles l’unité de transport peut être exploitée. Ce chiffre correspond à l’année calendaire amputée des :

  • jours fériés,
  • jours de chômage (entretien des écluses et de la voie d’eau),
  • jours de crue,
  • jours d’entretien de l’unité,
  • jours d’aléas divers (panne, tempête…).

Nous retiendrons 320 jours d’exploitation par an pour les unités fluviales contre 350 jours par an pour les unités fluvio-maritimes. Toute embarcation fluvio-maritime peut être positionnée uniquement sur le segment maritime. Les jours de chômage (entretien de la voie d’eau), les jours de crue ne peuvent pas a priori pénaliser l’exploitation d’un fluvio-maritime, contrairement aux unités fluviales totalement captives du bassin Rhône-Saône. Le calendrier des jours de chômage est connu à l’avance, l’armateur a donc la possibilité de faire coïncider, l’entretien de son navire avec celui de la voie d’eau. En cas de crue ou autres obstacles à la navigation, des avis à la batellerie informent continuellement les professionnels sur les conditions de navigation. L’armateur peut alors adopter un mode d’exploitation purement maritime.

Une démarche similaire est appliquée aux unités fluviales. À partir de leur valeur d’achat nous déterminons un coût fixe journalier d’armement fluvial. En revanche, pour les caboteurs nous appliquons directement des taux de time charter recueillis auprès de différents agents maritimes ou fluvio-maritimes présents sur Rhône-Saône.

Nous supposerons un mode de financement des unités fluviales identique à celui des fluvio-maritimes : 60% sur fonds propres et 40% par emprunt bancaire. La rémunération des capitaux propres et les intérêts de l’emprunt reste inchangée, 10% pour les premiers et 5% pour les seconds. En revanche, la durée de l’amortissement s’allonge et passe d’une dizaine d’années à une quinzaine d’années voire vingt ans, car nous simulons un achat sur le marché du neuf.

Pour l’ensemble de nos calculs nous obtenons et retenons les niveaux de time charter suivants :

Tableau 14 : Simulation des coûts de transport,
Tableau 14 : Simulation des coûts de transport, time charter des différentes unités.

Source : Lopez C.

Notes
24.

Garanties P&I, contraction de Protection and Indemnity. Garantie d’assurance qui protège et indemnise les armateurs et affréteurs de navires quant à leur responsabilité civile (RC). Les garanties P&I ne concernent que la RC des armateurs et affréteurs de navires. Il ne s’agit donc pas d’assurer un bien (le navire par exemple) mais l’auteur du dommage au bien (l’armateur) dont le tiers lésé recherche la responsabilité.

25.

Assurance qui couvre la coque du navire et ses moteurs.

26.

Assurance qui couvre les marchandises embarquées sur les navires.