C. Les évolutions du système et des autorités.

1) Le transport maritime, un secteur vulnérable.

Après les attentats du 11 septembre, les gouvernements ont pris conscience de leur vulnérabilité face à la menace terroriste et plus particulièrement celle du transport maritime. En effet, le maritime est un système ouvert d’échanges qui repose sur le principe du « n’importe » :

N’importe quel armateur, exploitant n’importe quel navire, battant n’importe quel pavillon, peut embarquer dans n’importe quel port, à destination de n’importe où, n’importe quelle marchandise, à n’importe quel prix sans rien demander à personne.

Les transports maritimes parce que largement ouverts constituent une cible facile pour les terroristes. L’OCDE dans un rapport de 2003 concernant la sûreté des transports maritimes identifie 4 facteurs de risques.

  • La cargaison :
    • Utiliser la cargaison pour y placer clandestinement des personnes et/ou des armes.
    • Utiliser la cargaison pour transporter des armes conventionnelles nucléaires, chimiques ou biologiques.
  • Les navires :
    • Utiliser le navire comme une arme.
    • Utiliser le navire pour perpétrer un attentat.
    • Couler le navire pour perturber l’infrastructure.

cf. L’attaque terroriste dont a été victime le pétrolier français Limburg en octobre 2002. L’objectif de ce type d’action est de perturber les équilibres des marchés de l'énergie et, par ricochet, l'ensemble de l’économie mondiale.

  • Les personnes :
    • Attaquer le navire pour provoquer des pertes en vie humaines.
    • Dissimuler des terroristes sous l’identité de marins.
  • L’argent :
    • Utiliser les recettes des transports maritimes pour financer des activités terroristes.
    • Utiliser des navires pour blanchir des fonds illicites destinés à des organisations terroristes.

D’après l’OCDE, les principales conséquences de la vulnérabilité du secteur maritime sont :

  • Les pertes de vies humaines.
  • L’interruption des flux de marchandises, avec de graves conséquences sur l’économie mondiale.
  • L’accroissement des coûts de transport en raison de l’application de normes de sécurité plus strictes.

Le transport maritime est vulnérable par les volumes échangés. En 2005, plus de 7 milliards de tonnes de marchandises ont été transportées par plus de 46.000 navires différents, dans environs 4.000 ports à travers le monde. L’OCDE estime que le coût d’un attentat de grande envergure pourrait se chiffrer à plusieurs centaines de milliards de dollars. Ce coût pourrait atteindre 58 milliards de dollars pour les seuls États-Unis en raison de ses conséquences indirectes. À la suite des attentats du 11 septembre, les USA ont fermé leur espace aérien pendant 4 jours. De telles mesures appliquées au transport maritime auraient de graves répercussions non seulement pour l’économie américaine mais aussi pour le reste de la planète : plus de 80% du commerce mondial est acheminé par voie maritime. Pour l’ensemble du secteur maritime (investissements portuaires et de navires), l’OCDE situe la dépense initiale de mise à niveau de la flotte mondiale entre de 2 et 3 milliards US$ et approximativement 1 milliard US$ de charges annuelles.

Ces coûts additionnels de sécurité se décomposent en adaptations techniques (clôtures des terminaux portuaires, renforcement de la sécurité sur les navires, identification des navires, etc.) ; en formation du personnel et élaboration des processus (plan de sûreté des installations portuaires). Les armateurs évaluent le coût moyen initial d’adaptation d’un navire à 60.000 US$ et 15.000 US$ le coût moyen annuel d’entretien du nouveau matériel. Armateurs de France estime la remise à niveau de la flotte immatriculée en France à environ 8,8 millions d’euros en investissement et 2,7 millions en coûts de fonctionnement. Ces nouvelles mesures représentent d’après la Commission Européenne un surcoût de 6 euros par conteneur.