2.1.2. Profils de sonorité et consonanticité

Selkirk (1982) propose d’expliciter le principe de séparation en attaqueet rime par le fait qu’il doit exister une plus grande cohésion entre les éléments constitutifs de la rime (i.e., noyau et coda) qu’entre ceux appartenant à l’attaque. En effet, la distinction entre attaque et rime est légitimée par un patron de sonorité dans la configuration syllabique dans lequel les segments s’agencent selon une courbe croissante de sonorité (i.e., l’attaque) jusqu’au noyau puis vers une chute de sonorité (i.e., la rime). Pour Klein (1993), l’attaque serait soumise au principe de consonanticité alors que la rime reposerait sur celui de sonorité ; l’élément le plus consonantique et l’élément le plus sonore constituant respectivement l’attaque et la rime. L’échelle de sonorité peut se définir selon deux plans ; l’un acoustico-phonétique (Price,1980), l’autre articulatoire. D’un point de vue acoustico-phonétique, il s’agit de prendre en compte l’intensité acoustique approximative d’un phonème pour le caractériser. Par exemple, une voyelle dégagera beaucoup plus d’énergie qu’une consonne. Sur un plan articulatoire, Selkirk (1984) propose que la sonorité d’un phonème soit fonction du degré d’ouverture du tractus vocal (Figure 2). Dans les deux approches, les voyelles sont considérées comme les phonèmes les plus sonores, suivies, globalement, par les liquides, les nasales, puis les fricatives et enfin les occlusives. En revanche, l’échelle de consonanticité n’est autre qu’une alternative inverse de la sonorité, les éléments les plus consonantiques étant les consonnes et les moins consonantiques, les voyelles (Klein, 1993).

Figure 2. Hiérarchie de la sonorité des principaux phonèmes (adapté de Selkirk, 1984).