3.4. Modèle Connexionniste à Processus Duel

Le modèle Connexionniste à Processus Duel (i.e., Connectionist Dual-Process, CDP, Zorzi, Houghton & Butterworth, 1998) est un modèle d’apprentissage associatif de la lecture (Figure 9). Dans une démarche semblable au MROMp, bien que différant dans ses perspectives, le CDP s’est attaché à simuler de manière transparente le fonctionnement des couches d’unités localisées orthographiques et phonologiques en modélisant les unités infralexicales pertinentes en anglais, à savoir l’attaque et la rime. De ce fait, ce réseau computationnel n’est pas paramétré pour traiter des mots polysyllabiques, uniquement des mots monosyllabiques anglais. Dans un premier temps, Zorzi et al. (1998) ont simulé l’importance du couple attaque-rime dans un TLA à interconnexions directes entre représentations infralexicales orthographiques et phonologiques. Très rapidement (i.e., en termes de cycles d’apprentissage), les simulations reportent respectivement 100% et 88.5% de bonnes réponses pour les pseudomots réguliers et irréguliers. Dans un second temps, l’ajout d’une couche d’unités cachées intermédiaires, facultatives, fonctionnant sur le principe de rétro-propagation d’erreur était censé corriger les défaillances observées précédemment en lecture de pseudomots irréguliers en adaptant au plus juste les traitements entre les représentations d’entrée et les représentations de sortie. Cette modélisation s’apparente ainsi fortement aux modèles à deux voies dans la mesure où les traitements sont parallèles entre l’appariement direct des représentations orthographiques et des représentations phonologiques et le passage optionnel par la couche d’unités cachées (i.e., apparenté aux mécanismes de médiation phonologique). Après implémentation de la couche cachée, les résultats montrent des performances de 95.3% pour les pseudomots irréguliers.

Comme l’indiquent Zorzi et al. (1998), les réseaux expérimentés dans leur étude se sont comportés différemment et spontanément lors de la mise en correspondance entre orthographe et phonologie. En effet, dans la première phase, le réseau aurait appris via le TLA les correspondances régulières alors que dans la seconde phase, le réseau aurait appris les correspondances irrégulières. Cet état permet aux auteurs d’argumenter en faveur de l’existence de deux voies de lecture, parallèles. Plus spécifiquement, le réseau lirait et prononcerait directement les régularités (seules les CGP simples ayant été apprises) sauf qu’en cas d’irrégularités, ce serait la couche d’unités cachées qui médiatiserait les représentations orthographiques et phonologiques pour lire et prononcer correctement.

Figure 9. Architecture du modèle de lecture CDP, adapté de Zorzi et al. (1998).