2.2. Modèle « à étapes » (Frith, 1985)

L’architecture du modèle d’apprentissage de la lecture à « étapes » de Frith (1985 ; 1986) repose sur l’existence de trois stades d’acquisition des compétences en lecture dont l’ordre de succession est progressif et strictement successif. Le passage d’un stade à l’autre n’est possible que lorsque les habiletés (et procédures de traitement) propres au stade précédent sont parfaitement maîtrisées. Cette évolution, identique pour tous les enfants, est rendue possible sous l’effet de l’enseignement de la lecture. Ces trois stades correspondent à trois procédures, respectivement logographique, alphabétique et orthographique dont les différences reposent sur des changements quantitatifs et qualitatifs des traitements effectués.

L’étape initiale, dite logographique, est caractérisée par une mise en œuvre des traitements exclusivement basée sur des traits visuels saillants et des indices contextuels. Ce stade se caractérise par le recours à une stratégie « pré-alphabétique » dans la mesure où l’enfant n’a recours ni à des traitements phonologiques ni à des traitements orthographiques pour reconnaître les mots. L’ordre et l’identité des lettres ne sont pas des éléments pris en compte par l’enfant (e.g., substitution ou inversion des lettres dans un mot ou un logo ; ). Cependant, à ce stade, l’enfant n’élabore pas de règles pour reconnaître de nouveaux mots.

L’étape suivante, dite alphabétique, renvoie à la mise en place de la procédure phonologique d’assemblage et à la maîtrise du principe alphabétique. L’enfant utilise systématiquement la médiation phonologique et les règles de CGP ayant fait l’objet d’un enseignement explicite pour segmenter et reconnaître les mots. L’enfant effectue ainsi un décodage phonologique séquentiel à partir des connaissances des lettres et des sons associés pour lire des mots nouveaux, des mots irréguliers ou des pseudomots.

Enfin, l’étape finale, dite orthographique, implique la mise en place de la procédure d’adressage. Le traitement visuel se réalise directement sur des unités orthographiques : l’appariement entre le mot écrit et la représentation stockée dans le lexique orthographique est immédiat. L’enfant n’a plus recours de manière systématique à la médiation phonologique et aux CGP. L’installation et l’utilisation de cette stratégie parachèveraient la mise en place du système expert en lecture.