3.3. Modèles « analogiques » (Gombert et al., 1997 ; Goswami & Bryant, 1990)

3.3.1. Modèle interactif analogique (Goswami & Bryant, 1990) et son extension (Goswami, 1999)

Contrairement aux modèles développementaux, Goswami (1986 ; 1990) a très rapidement suggéré que l’enfant possèderait des compétences orthographiques et phonologiques précocement développées pour lire. Celles-ci seraient basées sur le recours aux analogies pour lire les mots nouveaux. Le point de vue théorique défendu par Goswami (1986 ; 1990) fait référence au fait que la lecture ne se bornerait pas stricto sensu à l’apprentissage des règles CGP. Il s’agirait d’un « transfert de connaissances » basé sur la découverte de ressemblances entre des unités sonores et des segments orthographiques et phonologiques connus de l’enfant. Ces traitements s’appuieraient notamment sur des unités larges (i.e., les rimes), ce qui contribuerait à la maîtrise progressive d’unités réduites (i.e., les phonèmes) et donc du principe alphabétique.

À la suite de ces travaux, Goswami et Bryant (1990) puis Goswami (1999) ont proposé un modèle qui attribue un rôle central aux analogies sur les rimes. L’idée est de définir quatre connexions causales servant à expliquer l’acquisition de la lecture. La première connexion s’installerait avant l’apprentissage explicite de la lecture entre les connaissances des rimes à l’oral et la capacité à repérer des séquences correspondant aux rimes à l’écrit. De ce fait, l’apprentissage des analogies serait un moteur efficace de l’apprentissage de la lecture, comme en attestent de nombreux travaux menés en anglais (e.g., Goswami, 1995 ; 1999 ; Goswami & East, 2000). Avec l’enseignement explicite de la lecture, la seconde connexion s’établirait grâce à l’expérience de l’écrit entre la conscience phonémique et les compétences en lecture tandis que la troisième connexion renverrait aux influences bidirectionnelles exercées entre la lecture et l’écriture. Enfin, la quatrième connexion s’appuierait sur la spécification des représentations phonologiques qui se structureraient au fur et à mesure en base en connaissances avec l’augmentation du vocabulaire dans le lexique.

L’intérêt de ce modèle est de véritablement rendre compte des liens réciproques entretenus entre orthographe et phonologie pour améliorer progressivement la précision des connaissances. Cette approche accorde ainsi une place prépondérante aux processus analogiques basés sur les rimes avant l’apprentissage de la lecture et des règles CGP.