5. Synthèse du Chapitre 4

Au cours de ce chapitre, nous avons exposé les modèles cognitivistes de l’apprentissage de la lecture. Nous avons pu mettre en opposition deux groupes de modèles : les modèles dits développementaux (e.g., Frith, 1985) et les modèles dits interactifs (e.g., Colé et al., 1999). Nous avons montré que ces modèles étaient directement issus des recherches et des modèles proposés pour la lecture adulte.

En nous intéressant aux modèles interactifs, nous avons donc démontré que les modèles développementaux étaient très certainement dépassés pour rendre efficacement compte du développement des habiletés de lecture dans la mesure où leur approche demeure trop peu flexible et trop séquentielle. Au contraire, les modèles interactifs proposent des approches véritablement novatrices. D’une part, la mise en place des mécanismes de lecture et leur fonctionnement sont envisagés comme interactifs et parallèles. Cela rend l’apprentissage de la lecture bien plus dynamique que ce qui est proposé par les modèles développementaux.

D’autre part, la prise en compte de ce qui se passe avant l’apprentissage explicite de la lecture prend enfin du sens et de la dimension grâce aux propositions de Gombert (2003) qui estime que les modèles actuels doivent prendre en considération l’importance des connaissances développées de manière implicite grâce aux contacts avec la langue orale.

Cependant, même dans ces modèles, la taille des unités de lecture ne fait pas systématiquement l’objet d’un consensus. Si Goswami (1999) place au centre de son modèle le rôle de la rime – dont l’importance est très certainement plus grande pour l’anglais dont elle s’inspire que pour le français – Seymour (1997), lui, insiste sur le rôle précoce et sine qua non des phonèmes dans l’apprentissage de la lecture tandis que Colé et al. (1999) étendent cette vision en mettant en avant le rôle de la syllabe grâce aux connaissances structurales du français développées précocement et implicitement à l’oral sur les syllabes

En accord à ce que nous avions déjà pu avancer, les caractéristiques de chaque langue pourraient être un frein – ou en tout cas un facteur – au développement de modèles unifiés, car il apparaît de plus en plus que les données obtenues dans une langue sont difficilement transposables à une autre langue. C’est pourquoi, en français, la syllabe pourrait avoir un statut privilégié équivalent à la rime pour l’anglais.