3. Conscience et habiletés phonologiques

3.1. Introduction

Pour un certain nombre d’auteurs, la conscience phonologique fait référence à une sensibilité phonologique (i.e., phonological sensitivity) qui renverrait à la capacité de reconnaître, d’identifier et de manipuler n’importe quelle unité phonologique. Elle pourrait être décrite au travers d’une progression allant d’une sensibilité phonologique superficielle d’unités phonologiques larges (e.g., syllabe) à une sensibilité phonologique profonde d’unités phonologiques réduites (e.g., phonème ; Anthony & Lonigan, 2004 ; Anthony, Lonigan, Burgess, Driscoll, Phillips & Cantor, 2002 ; Anthony, Lonigan, Driscoll, Phillips & Burgess, 2003). Gombert (1990 ; 1992 ; Gombert & Colé, 2000) préfère parler de la conscience phonologique en termes de compétence propre à l’identification et à la manipulation intentionnelle et consciente des unités linguistiques. Gombert (1990) distingue des capacités épiphonologiques et des capacités métaphonologiques. Les premières renverraient à des traitements linguistiques automatiques, inconscients (implicites) et non intentionnels qui se développeraient spontanément lors de l’acquisition du langage oral. En revanche, les secondes n’émergeraient que de manière subséquente aux premières sous l’effet de l’enseignement formel de la lecture ou d’entraînements spécifiques en renvoyant à la manipulation consciente (explicite), intentionnelle et contrôlée des unités linguistiques. Comme le proposent Écalle et Magnan (2002a), il s’avèrerait éventuellement plus judicieux de regrouper sous le terme d’habiletés phonologiques les capacités épi- et métaphonologiques (e.g., voir Karmiloff & Karmiloff-Smith, 2003 pour un cadre théorique développemental des habiletés phonologiques).