4.6. Conclusion

Les langues varient fortement les unes par rapport aux autres, qu’il s’agisse de la structure syllabique, de la consistance graphophonémique ou phonographémique ou des unités de traitement en lecture. Un seul constat assez net peut émerger : les caractéristiques propres à chaque langue sont des éléments décisifs dans le cheminement de l’apprentissage de la lecture, comme en témoigne l’étude de Seymour et al. (2003). À ce titre, la proposition de Ziegler et Goswami (2005) permet plus facilement de mettre en lumière les difficultés inhérentes à chaque langue et demeure une alternative explicative séduisante. En revanche, cela ne suffit toujours pas pour trancher entre les deux conceptions qui s’affrontent quant à la trajectoire développementale des unités de lecture : les phonèmes d’abord puis les unités plus larges ou les unités plus larges d’abord puis les phonèmes. Par ailleurs, l’implication d’un codage phonologique en lecture chez l’enfant (automatique, précoce et rapide, Booth, Perfetti & MacWhinney, 1999) est actuellement formellement reconnue par la communauté scientifique (e.g., en français, voir l’étude longitudinale de Sprenger-Charolles, Siegel, Béchennec & Serniclaes, 2003 et les arguments expérimentaux de Alario et al., 2007 ; Sprenger-Charolles, Siegel & Béchennec, 1998a ; Sprenger-Charolles, Siegel & Bonnet, 1998b), quelle que soit la régularité de la langue (même en anglais ! Laing & Hulme, 1999 ; Perfetti, 2003 ; Share, 1995). Ce n’est que la taille des unités phonologiques impliquées dans la lecture qui demeure un sujet de débat.