5. De la perception à la lecture : le rôle de la syllabe

5.1. Introduction

Très précocement, l’enfant est généralement capable de compter des unités syllabiques et non phonémiques dans les mots (e.g., Duncan et al., 2006 ; Liberman, Shankweiler, Fischer & Carter, 1974). Cette conscience syllabique se développerait implicitement à partir des nombreux contacts que l’enfant entretient avec le langage oral, avant même l’exposition au langage écrit et à son apprentissage (e.g., Vellutino & Scanlon, 1987). Contrairement à la conscience syllabique, la conscience phonémique requiert un haut niveau d’abstraction (i.e., notamment à cause du phénomène de coarticulation qui rend les différences acoustiques très ambiguës) et d’analyse analytique (Morais, 1994). Toutefois, il est possible d’envisager que les connaissances phonologiques implicites et les représentations acoustiques développées sur la base d’unités syllabiques pourraient servir de point d’ancrage aux connaissances explicites qui n’apparaîtraient qu’au moment de l’enseignement formel du langage écrit. Cette progression développementale amènerait à concevoir que, d’une part, les connaissances issues du langage oral influenceraient les connaissances issues du langage écrit et que, d’autre part, l’inverse pourrait fonctionner réciproquement, d’autant plus qu’en français, ces rapports sont essentiellement réguliers.