5.3.3. Utilisation du paradigme des conjonctions illusoires

Les recherches menées par Ballaz, Marendaz et Valdois (1999), Doignon et Zagar (2006) ou encore Fabre et Bedoin (2003) à l’aide du paradigme des conjonctions illusoires (pour une description, cf. Chapitre 2, Partie 4.1.) sont venues renforcer l’hypothèse selon laquelle la syllabe aurait un statut et un rôle privilégiés dans la lecture. Sans détailler les résultats observés dans ces trois expériences, bien que les objectifs et les facteurs manipulés aient été différents, trois conclusions majeures sont à exposer. Dans l’expérience de Ballaz et al. (1999) conduite auprès d’enfants de première, troisième et cinquième année d’apprentissage de la lecture, seuls les enfants de troisième et cinquième année ont manifesté des comportements en faveur d’une sensibilité aux informations syllabiques, ce qui implique qu’une unité large comme la syllabe n’est pas immédiatement disponible et fait suite à l’accroissement de l’expertise. Dans l’expérience de Doignon et Zagar (2006) menée avec des enfants de première, deuxième, quatrième et cinquième année, une observation très intéressante concernant l’activation de codes syllabiques a été observée. Lorsque les frontières syllabiques phonologiques et orthographiques coïncidaient, tous les enfants montraient des effets de facilitation, c’est-à-dire des erreurs de préservation de la frontière syllabique. Cela implique qu’il s’agit, probablement, d’une activation conjointe des informations phonologiques et orthographiques qui font émerger une perception syllabique. Enfin, dans l’expérience de Fabre et Bedoin (2003) réalisée auprès d’enfants d’approximativement 8 ans, les auteursn’ont pas mis en exergue un quelconque effet de sonorité de la consonne postvocalique dans des mots bisyllabiques, comme cela avait été le cas chez les adultes dans leur précédente étude (voir Bedoin & Dissart, 2002).