5.3.4. En lecture à voix haute

Sprenger-Charolles et Siegel (1997) ont, testé des enfants en première année en janvier et en juin dans des tâches de lecture à voix haute sur des pseudomots dont la complexité syllabique avait été manipulée. Les résultats ont abondé dans le sens d’une meilleure lecture et épellation des structures syllabiques simples (i.e., CV) par rapport aux structures dites complexes (e.g., CCV ou CVC). Ce pattern de résultats va dans la même direction que les observations montrant la prédominance des structures optimales CV dans toutes les langues du monde (Clements & Keyser, 1983). D’autre part, les auteurs ont observé que les enfants supprimaient plus volontiers les codas ou simplifiaient les clusters consonantiques complexes (e.g., CCV devenant CV ou CVC devenant CV). Enfin, les codas liquides étaient plus fréquemment omises que les codas obstruentes, ce que les auteurs interprétaient en terme de propriétés phonétiques spécifiques et non en terme de position dans la syllabe.

Ces résultats ont été retrouvés, dans une certaine mesure, par Bastien-Toniazzo et al. (1996 ; 1999) dans deux expériences de lecture à voix haute de pseudomots chez des enfants de CP et qui avaient pour but de mettre à l’épreuve leur modèle de simulation de base de connaissances. Dans la première étude (Bastien-Toniazzo et al., 1996), les auteurs avaient effectué un suivi longitudinal au CP en testant à quatre reprises les enfants dans une tâche de lecture à voix haute de pseudomots trisyllabiques (voir ci-dessous les caractéristiques du matériel). Les résultats ont notamment montré que lorsqu’il y avait une tentative pour appliquer des règles de CGP, la segmentation qui en résultait ne respectait pas nécessairement la légalité phonotactique orthographique, mais renvoyait à des groupements correspondant aux syllabes orales. Les syllabes préférées étaient également les plus simples, à savoir de structure CV sans qu’il ne ressorte une différence dans l’ordre d’acquisition de structures plus complexes (e.g., CVC). Le modèle proposé par Bastien-Toniazzo et al. (1999) repose principalement sur le postulat selon lequel lors de l’apprentissage des CGP, l’enfant chercherait à récupérer à partir des informations visuelles des structures correspondantes aux syllabes orales.