5.3.5. Utilisation du paradigme LIP

L’étude de Bijeljac-Babic, Millogo, Farioli et Grainger (2004) a utilisé une adaptation du paradigme de démasquage progressif, le Paradigme de Luminescence Incrémentée (i.e., Luminance Increment Paradigm, LIP) avec, notamment, des enfants de troisième et cinquième année d’apprentissage de la lecture. L’objectif de cette expérience était d’étudier l’implication des processus phonologiques et orthographiques en observant les effets de longueur de mots. Les enfants, répartis en deux groupes, devaient soit effectuer une tâche d’identification via le LIP, soit une tâche de dénomination rapide. Le matériel utilisé consistait en des mots connus par les enfants et dont le nombre de lettres, de phonèmes et de syllabes avait été manipulé. Les effets de longueur de mots étaient analysés soit en terme de « longueur générale », c’est-à-dire en fonction des variations du nombre de lettres, de phonèmes ou de syllabes, soit en terme de « longueur phonologique », c’est-à-dire en fonction des variations du nombre de phonèmes et de syllabes tout en maintenant constant le nombre de lettres, soit, enfin, en terme de « longueur d’unité réduite », en fonction des variations du nombre de lettres ou de phonèmes en gardant constant le nombre de syllabes. Les analyses de régression réalisées en fonction des trois critères de « longueur » ont mis en évidence, pour la tâche d’identification avec le LIP, des temps de réponse mieux prédits par le critère « longueur phonologique », en termes de « syllabes » pour les enfants en troisième année et en terme de « phonèmes » pour les enfants en cinquième année. En revanche, pour la tâche de dénomination rapide, les temps de réponse étaient mieux prédits par le critère « longueur d’unité réduite », en terme de « lettres » pour les enfants de cinquième année, mais toujours en terme de « syllabes » pour les enfants de troisième année. Aucun effet de fréquence lexicale n’était significatif pour expliquer les performances. Les résultats ont amené les auteurs à conclure que, pour les enfants de troisième année d’apprentissage de la lecture, les traitements étaient de nature phonologique syllabique tandis que chez les enfants de cinquième année, les traitements deviendraient, avec l’expertise, sériels, de gauche à droite, et basés sur les lettres.